Mélenchon dans les pas de Poutine, Faure dans ceux de Mélenchon edit

27 août 2025

Jean-Luc Mélenchon ne s’en cache pas, sa position sur la guerre en Ukraine est un pur décalque de celle de Vladimir Poutine. Le leader de la France insoumise a consacré une note de blog, le 14 août, à la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Sur le fond, il réaffirme ses positions habituelles sur cette guerre, mais en collant plus encore au discours poutinien qu’il ne fait plus que copier. « C’est aussi une humiliation de plus pour les vassaux européens et les commensaux de l’OTAN », déclare-t-il. « Trop tard maintenant. Poutine a gagné la guerre parce que l’Ukraine ne peut la gagner sans un engagement des USA d’une ampleur qui n’est plus à l’ordre du jour. Plus que jamais ce sera l’Europe allemande. C’est-à-dire le néant. » Notons en passant la contradiction de ce discours puisque nous serions les vassaux de Trump alors qu’il le dit lui-même, le président américain ne veut plus soutenir l’Ukraine contrairement aux Européens. Sa vision reste celle des années 1970, continuant à pourfendre un « Occident » qui a cessé d’exister.

Il est cependant d’accord avec Poutine et Trump qui clament que la Russie a déjà gagné. Ici, Mélenchon reprend à son compte la scandaleuse position récemment développée par Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de Poutine, selon laquelle la défaite annoncée de l’Ukraine n’est pas seulement due à des raisons militaires mais aussi et surtout au fait que « son système politique tient à un fil. Tout concourt à l’effondrement : avoir interdit les syndicats et les partis d’opposition, avoir maintenu Zelensky en place alors que son mandat présidentiel est fini, avoir tenté de sauver les corrompus qui pillent l’effort de guerre, les désertions massives, tout cela a brisé le lien unissant le système Zelensky à son peuple en guerre. Les bonimenteurs sur l’alliance OTAN comme garantie de défense vont manger leur chapeau. La petite gôche atlantiste aussi. Les frontières de l’Ukraine seront donc discutées en dehors de la présence des Ukrainiens. Le départ de Zelensky est la condition de l’accord. Tout simplement parce que son mandat est fini et que je ne crois pas la Russie capable de signer quoi que ce soit avec quelqu’un bientôt remplacé par un autre qui pourrait tout remettre en cause », déclare-t-il. Bref, des deux pays en guerre, c’est l’Ukraine qui serait totalitaire et corrompue.

C’est avec raison que Rachid Temal, sénateur socialiste du Val-d’Oise et vice-président de la commission des Affaires étrangères et de la défense du Sénat, dénonce en Mélenchon « Radio-Moscou ». Comment organiser des élections dans un pays en guerre quand le territoire est occupé et que les hommes sont engagés au front ? Comment faire voter les six millions d’Ukrainiens réfugiés à l’étranger ? En outre, Zelensky a été élu avec une large majorité et dispose encore du large soutien dans les sondages. Surtout, son départ signerait tout simplement la fin de l’Ukraine indépendante. Mélenchon le sait, ce qui confirme qu’il est le porte-voix de Poutine en France. Alors que la Russie poutinienne mène une guerre hybride contre les alliés européens de l’Ukraine, qu’elle considère comme ses ennemis, Mélenchon, véritable cinquième colonne de l’agresseur russe, souhaite clairement la victoire de la Russie.

La révolution, et après ?

Tandis que notre propagandiste poutinien soutient, comme il l’a toujours fait, les régimes dictatoriaux contre les régimes démocratiques (rappelons-nous ses larmes versées à l’enterrement d’Hugo Chavez), en France il appelle une nouvelle fois à la révolution. Cherchant à noyauter et à instrumentaliser le mouvement « Bloquons tout le 10 septembre », il réaffirme clairement son objectif : faire de ce mouvement l’arme servant d’abord à faire tomber le gouvernement et ensuite à réclamer le départ du président de la République pour obtenir une présidentielle anticipée. Il appelle à la grève générale. Il s’agit de déclencher un processus de crise institutionnelle : « Si l’action est réussie le 10, la question c’est qu’est-ce qu’on fait le 11, et puis le 12 ? » La France insoumise prévoyait de déposer une motion de censure dès le début de la session parlementaire, le 23 septembre : « Ne perdons pas de temps, censurons tout de suite », clamait Mélenchon. Il n’est même pas pertinent de le taxer d’irresponsabilité puisque son choix stratégique demeure l’installation du chaos. « Puisque le président a déclaré qu’il ne quitterait pas l’Élysée et resterait « jusqu’au dernier quart d’heure », nous allons lui procurer le dernier quart d’heure », promet-il. Depuis lors le Premier ministre a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre prochain.

Si l’on met bout-à-bout ses positions sur l’Ukraine et celles sur la politique intérieure, son calcul est simple et il est parfaitement léniniste : créer le chaos pour installer en France le type de régime qu’il a toujours préféré, un régime dictatorial. Mélenchon reconnaît qu’il entend se servir du 10 septembre pour alimenter la crise. La volonté du peuple est seule légitime et c’est dans la rue qu’elle s’exprime.

Olivier Faure, l’accompagnateur

Dans cette situation, on aurait pu espérer que le Parti socialiste, qui a gouverné longtemps et qui se dit le défenseur de la démocratie représentative, dénoncerait la tentative de Mélenchon pour instrumentaliser le mouvement du 10 septembre. Eh bien, non ! Son premier secrétaire, Olivier Faure, a, au contraire, appelé son parti à « accompagner » la mobilisation du 10 septembre. Lors d’un discours prononcé aux Journées d’été des Écologistes à Strasbourg, il a estimé que le mouvement qui se prépare pouvait « être massif ». « Nous devons l’accompagner » pour « lui offrir un débouché politique » de gauche. S’il reconnaît que « nous n’en connaissons pas complètement les contours » et que « ses revendications sont encore floues », il assure ne pas vouloir passer à côté « d’une mobilisation forte dont chacun mesure qu’elle peut être à la hauteur de l’exaspération et du rejet du pouvoir actuel ». Extraordinaire déclaration. Il ne sait rien de ce mouvement, ni ce qu’il veut, ni où il va, ni qui le dirige, mais il le soutient. Pourtant, il connaît parfaitement les intentions de Mélenchon. Se mettre dans sa roue confirme simplement que le premier secrétaire du Parti socialiste continue de rêver à un accord électoral avec LFI, laquelle a pourtant déclaré récemment qu’elle affronterait seule les prochaines consultations électorales. Mélenchon sait à quoi lui servira l’instrumentalisation du mouvement « Bloquons tout ». Faure, lui, n’en sait rien. Simplement, il ne veut pas rompre avec le porte-voix de Poutine. Pauvre Parti socialiste ! L’ensemble des partis de gauche se sont finalement alignés sur la position défendue, dès le 17 août, par La France insoumise. Le Nouveau Front populaire n’en finit pas de mourir alors qu’il ne peut pas vivre !