Je cherche un milliardaire (ou un millionnaire) edit

27 avril 2021

Milliardaires et millionnaires fascinent ou agacent. C’est selon. Mais de quoi et de qui parle-t-on ? Si on se penche sur le patrimoine, à l’échelle mondiale, les milliardaires représentent un millionième de l’humanité. Les millionnaires, eux, comptent pour 1% de la population adulte. Une manière d’aborder la richesse et la stratification sociale mondiale, mais aussi de se situer les uns par rapport aux autres.

Les analyses et l’attention médiatique se concentrent souvent, lorsque pointe le thème de la richesse, sur les milliardaires. Ceux-ci, si on prend comme critère un patrimoine d’au moins un milliard de dollars, ne sont que quelques milliers, soit environ un millionième de l’humanité. Le point le plus important relève des évolutions. Désormais, le pays qui abrite le plus grand nombre de milliardaires est en effet la Chine.

La connaissance de leurs situations passe par des bases de données sur les patrimoines et des classements qui font souvent la couverture des journaux. Pour autant, ces informations ne captent qu’une partie de la réalité. Protection de la vie privée et, surtout, opacité dans de nombreux pays, empêchent un indiscutable tableau. Il reste, en fonction des informations disponibles, des tendances claires.

Plusieurs classements sont établis, notamment aux États-Unis, par le magazine Forbes et par le groupe financier Bloomberg. Dans ce deuxième cas, le classement des 500 personnes supposément les plus riches du monde est revu quotidiennement, corrigé en fonction des fluctuations boursières. En 2021, Elon Musk, en raison de la valorisation de Tesla, est devenu l’homme le plus riche du monde, détrônant Jeff Bezos. En réalité le palmarès varie beaucoup, et les places bougent significativement d’une semaine à l’autre.

Pour une vision d’ensemble, on peut s’appuyer sur les données et observations originales produites par le groupe de presse Hurun, établi en Chine, là où le nombre de milliardaires évolue le plus rapidement.

Selon cette source, le monde compte, en 2020, 2817 milliardaires en dollars (contre 2470 en 2019). On a là les extrêmement riches, très loin des célèbres « 1% » puisqu’ils ne représentent que 0,00004% de l’humanité !

C’est en Chine que l’on trouve maintenant le plus grand nombre de milliardaires : environ 700, devant les États-Unis (600) où vivent encore tout de même six des dix milliardaires les plus riches. Suivent l’Allemagne (120), le Royaume-Uni (110), l’Inde (100), la Suisse (80), la Russie (60), le Brésil (50), la Thaïlande (50). La France (48) se place au 10e rang. La ville de résidence du plus grand nombre d’entre eux est Pékin (100), devant New York (90), Hong Kong (70), Shenzhen (70), Shanghai (65), Londres (65), Moscou (50), Bangkok (50), Mumbai (40), San Francisco (35). Dans cette liste Paris (35) arrive au 11e rang, à égalité avec Seoul.

À l’échelle mondiale, deux-tiers de ces milliardaires sont des « self-made men ». L’autre tiers est composé d’héritiers.

La mesure du nombre de milliardaires n’est pas une science exacte. Le responsable du rapport Hurun le reconnaît. Selon lui, la planète n’abriterait pas environ 3000 d’entre eux, mais le double. Pour chaque milliardaire recensé, estime-t-il, il en manque probablement un. Notamment parmi les familles régnantes, tout particulièrement dans les pays du Golfe. Alors que certaines personnalités extraordinairement riches aiment faire parler d’elles, de leurs exploits économiques, de leur mode de vie ou de leur générosité, la plupart des milliardaires préfèrent rester discrets. Pour se protéger, en termes de sécurité comme de fiscalité.

Les milliardaires incarnent des extrêmes, mais leurs évolutions sont bien moins déterminantes que celles des millionnaires. Dans son rapport annuel, publié en 2020, sur la richesse en 2019, la banque Credit Suisse propose ainsi une synthèse de la stratification sociale mondiale selon le patrimoine (calculé en dollars). Il en ressort 52 millions d’adultes (soit donc 1% de la population mondiale des adultes) avec un patrimoine supérieur à un million de dollars. 590 millions d’individus (11% de l’humanité adulte) disposent d’un patrimoine se situant entre 100 000 et 1 million de dollars.

Les évolutions sont très rapides, puisqu’au début de l’année 2019, Credit Suisse ne recensait que 46,8 millions de millionnaires. Au tournant du millénaire, le monde ne comptait que 14 millions de millionnaires en dollars (soit 0,4% de la population adulte).

La répartition globale des millionnaires est très différente de celle des milliardaires. Le pays qui compte le plus de millionnaires, ce sont les États-Unis, pour 40% du total mondial. La Chine vient en deuxième position, loin derrière avec 11% des millionnaires. Suivent le Japon (6%), le Royaume-Uni (5%), l’Allemagne (4%), la France (4%), le Canada (3%), l’Australie (3%), l’Italie (3%), l’Espagne (2%), l’Inde (2%), la Corée (2%), la Suisse (2%).

Une autre approche du nombre de millionnaires, élaborée par Capgemini, consiste à ne compter comme millionnaires que les individus qui possèdent un million de dollars d’actifs investissables, hors résidence principale, objets de collection, consommables et biens de consommation durables. Ils sont donc moins nombreux que dans l’approche Credit Suisse. Ils étaient 8,5 millions en 2008. Ils sont 19,6 millions en 2019.

Si on regarde l’évolution géographique globale depuis 2008, le changement – qui n’est pas bouleversement intégral en volume – relève de la zone Asie-Pacifique qui prend la première place, devant l’Amérique du Nord, en 2014. En proportion les changements sont plus notables car, en parts relatives donc, Europe et Moyen Orient perdent de l’importance.

Nombre de millionnaires en dollars dans le monde

Ces considérations statistiques, sur le périmètre de la richesse (ici appréciée par un patrimoine supérieur à un million de dollars) et sur ses évolutions, peuvent se compléter par les appréciations et opinions sur la richesse (sa légitimité, son rôle). À l’échelle mondiale les World Value Surveys permettent d’avoir une idée de la diversité du monde sur ce thème.

À la question « les riches achètent-ils les élections ? », les proportions de population répondant, en 2018, « souvent ou très souvent » varient considérablement, de moins de 5% en Suisse à près de 90% en Albanie. C’est peu dire que le monde n’est pas unifié dans les considérations nationales à l’égard de la richesse (quelle que soit sa définition).