Perfect storm (1) edit

July 29, 2024

Les Anglo-Saxons appellent ainsi une configuration climatique complexe et rare, où des facteurs disparates mais concordants se combinent pour produire une tempête énorme, d’une puissance inédite. L’expression a investi la politique, l’économie et les marchés, où le déchaînement des éléments n’est évidemment pour rien. Ici, à la violence des vents et à la hauteur des vagues correspondent le choc des intérêts et la sauvagerie des passions maquillées en idéologies.  Ces « tempêtes parfaites » dans les affaires humaines sont innombrables, et elles tendent à se multiplier. En effet, plus la configuration internationale est complexe et moins elle obéit à un ordre discernable, plus elle donne prise à des éléments irrationnels et moins elle est maîtrisable. Cependant, contrairement à ce qui se passe en haute mer, la « tempête parfaite » humaine met du temps à monter en puissance. Certains de ses éléments viennent de loin, d’autres s’ajoutent au fil des années. Le temps s’accélère, la crise enfle, jusqu’à ce qu’un facteur déclencheur provoque son déchaînement paroxystique.

Israël vit une de ces « tempêtes parfaites », la première de son existence. Et son facteur déclencheur a été, bien sûr, le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023. À partir de là, elle a pris aussitôt une dimension régionale et internationale. Dès le lendemain, Israël a fait face à sept fronts : au sud au Hamas, au nord au Hezbollah, à l’est, en Cisjordanie, à une Intifada qui ne dit pas encore son nom, en Syrie et en Irak à une myriade de groupes terroristes, plus loin aux Houthis du Yémen, ainsi qu’à l’Iran, patron de tous les autres.

Ce dernier front mérite une mention spéciale. Pour la première fois, en effet, l’Iran ne s’est pas contenté de faire la guerre à Israël par milices interposées mais, le 13 avril 2024, réagissant à l’élimination du général des Gardiens de la révolution en charge de la Syrie et du Liban, il a lancé un assaut contre le territoire israélien à partir de son propre territoire. L’échec de l’attaque et la riposte très mesurée de Tsahal ne doivent pas masquer la signification de cette affaire : c’est un changement d’échelle, gros de dangers. Les belligérants ont beau vouloir éviter la guerre, les escalades militaires ont leur propre logique. Qui voulait la guerre en août 14 ?

Ainsi, par cercles concentriques, la guerre de Gaza irradie les Territoires palestiniens, les pays limitrophes du Proche-Orient, ceux du Moyen Orient, et, au-delà, la géopolitique planétaire. Comme la guerre d’Ukraine, c’est une affaire mondiale. En effet, face à la coalition dirigée depuis Téhéran, se dressent Israël et son allié unique, les États-Unis. Entre les deux s’étend ce que l’on peut décrire comme une sorte de marais aux contours flous, dont le positionnement par rapport au conflit de Gaza et de ses ramifications dépend d’une foule de considérations disparates, voire contradictoires. Plus on est proche de l’épicentre, et plus les secousses du conflit se font durement sentir. Naturellement, les voisins d’Israël sont les plus affectés : la Syrie, État morcelé et failli dont le territoire sert depuis longtemps de champ de bataille entre l’Iran et Israël ; le Liban, dont le sud est en guerre ouverte et qui tremble de la voir s’étendre à l’ensemble du territoire ; l’Égypte, qui craint le débordement dans le Sinaï de masses de Gazaouis ; et la Jordanie, dont le gros de la population est palestinien, et qui, de ce fait, est menacée de déstabilisation. Ces deux derniers, à l’instar des autres pays sunnites de la région – le deuxième cercle – sont hostiles au Hamas et alignés sur Washington. D’ailleurs, ceux qui ont déjà signé des accords de paix avec Israël ne songent pas à les dénoncer ; mieux, l’Arabie saoudite, qui était sur le point de s’y résoudre avant la guerre, n’a pas renoncé à la normalisation avec l’État juif après – seulement, elle la conditionne désormais à la solution du problème palestinien, ou du moins au début d’un processus censé y conduire. On l’aura remarqué, à l’exception de l’Iran, tous les ennemis d’Israël sont des milices religieuses. Mais les gouvernements sont sensibles à une « rue arabe » très remontée contre Israël.

Le troisième cercle est constitué des puissances de ce qu’il est convenu d’appeler le « Sud global », entité gazeuse et fluctuante qu’anime un vieux fonds d’antiaméricanisme tiers-mondiste, et où Israël fait figure de poste avancé de l’Occident. Le procès intenté par l’Afrique du Sud à Israël pour faits de génocide devant la Cour de Justice internationale de La Haye illustre cette posture. Enfin, on trouve dans ce marais les deux puissances révisionnistes, la Russie et la Chine, peu connues pour leur mansuétude à l’égard de leurs propres populations musulmanes, mais auxquelles Gaza offre, dans une curieuse alliance avec les islamistes à l’extérieur, une occasion en or de damer le pion à Washington.

Pour l’heure, le Hamas a perdu son pari stratégique, à savoir entraîner ses alliés, voire l’ensemble du monde musulman, dans le « déluge » final contre « l’entité sioniste » (« Déluge d’al-Aksa », telle est l’appellation, d’inspiration messianique, dont il a affublé l’assaut meurtrier du 7 octobre).

Comment cette « tempête parfaite » a-t-elle fini par se former au-dessus de nos têtes ?

En simplifiant beaucoup une histoire tumultueuse de trois quarts de siècle, on peut la découper en quatre temps, qui sont autant d’actes d’une tragédie dont on devine le dénouement proche mais on ignore de quoi il sera fait. Le premier est la guerre victorieuse des Six-Jours, en juin 1967. Au sortir de cette campagne éclair, Israël se trouve à la tête d’un mini-empire : le Sinaï égyptien, le Golan syrien, la Cisjordanie et la Vieille Ville de Jérusalem (illégalement) occupées par le royaume hachémite de Jordanie. Les deux premiers territoires, pour importants qu’ils soient stratégiquement, ne sont guère investis de signification historique ou religieuse. La Cisjordanie, en revanche, aussitôt rebaptisée de ses noms bibliques de Judée et Samarie, ainsi que Jérusalem, sont tout simplement le berceau physique et spirituel du peuple juif.

Il faut savoir que, faute de pouvoir faire autrement, les sionistes ont installé les fondations de leur futur État le long de la côte, en pays des Philistins pour ainsi dire. Mais la longue mémoire juive privilégiait Hébron, Beit El, Samarie, Bethléem, Jérusalem et son Temple… tous lieux dont les vicissitudes de l’histoire récente avaient privé l’État nouveau-né. Recouvrer ces lieux enchantés à la faveur d’un affrontement dont le dénouement avait tout du miracle, a constitué pour la plupart des Israéliens un choc psychologique et spirituel dont peu ont pris la mesure dans l’immédiat. Le philosophe Yeshayahou Leibowitz fut l’un de ceux qui ont saisi d’emblée le potentiel destructeur de l’occupation pour l’occupant, et Moshé Dayan, un soldat peu porté sur le sentimentalisme religieux, avait d’abord refusé de prendre la Vieille Ville de Jérusalem – « Qu’avons-nous besoin de ce Vatican ? » – avant de céder devant la ferveur ambiante.

Y avait-il moyen d’échapper à l’enchaînement des faits qui se sont déroulés depuis ? Il était possible de placer ces territoires sous occupation militaire, comme l’autorisait le droit international, en y interdisant la moindre implantation civile. C’était la position du Premier ministre Levi Eshkol, qui entendait les garder comme monnaie d’échange contre une éventuelle reconnaissance d’Israël par ses voisins. Mais il a été impuissant à étouffer l’expression de plus en plus puissante de l’irrédentisme religieux. En effet, la conquête a ouvert grand la porte de la politique israélienne à un acteur jusque-là négligeable dans l’histoire du mouvement national juif : le sionisme messianique. Des jeunes issus des yeshivot (académies religieuses) du Parti national-religieux, formation traditionnellement modérée et partenaire docile des travaillistes au pouvoir, ont modifié l’ADN de ce parti. Activistes, voire révolutionnaires, remarquablement organisés et mus par une ferveur idéologique que leurs aînés ignoraient, ils se sont emparés de la direction de leur parti et en ont fait le fer de lance de la colonisation des Territoires. En face, les travaillistes, usés par le pouvoir, impressionnés malgré eux par l’énergie de ces nouveaux pionniers en lesquels ils n’étaient pas loin de voir le reflet de leur propre jeunesse militante, sensibles aussi à la poésie biblique de ce « retour » à un passé idéalisé, les ont laissé faire.

Deuxième acte. En mai 1977, les travaillistes sont chassés du pouvoir qu’ils ont exercé sans partage pendant quatre décennies, sur le Yishouv (la communauté juive préétatique en Palestine mandataire), puis sur l’État. Parvenue aux affaires, la droite nationaliste, adepte depuis toujours de « l’intégralité du Pays d’Israël », libère la colonisation des Territoires des restrictions que les Travaillistes lui imposaient tout de même. C’est désormais le grand, voire l’unique projet national.

De plus en plus, la religion investit le champ politique, en Israël par la montée en puissance du parti des colons et de leurs soutiens, en Palestine par la confessionnalisation de son mouvement national. Le Hamas, acronyme de « Mouvement de la résistance islamique », voit le jour en 1988, à la faveur de la première Intifada. Or, le Hamas n’est pas un mouvement de libération comme un autre. C’est un mouvement religieux, qui entend non pas créer un État-nation palestinien aux côtés de l’État d’Israël, mais un État régi par la shari’a, le droit musulman, à la place de l’État d’Israël. Fondamentalistes des deux côtés de la barricade partagent la même conception du pays comme terre sainte et inaliénable. Le travail de transformation d’un conflit national en une guerre de religion est bien entamé. Il ne fera que s’accélérer.

Troisième acte. Au cours des années 90 et au début de la décennie suivante, les tentatives de mettre fin au conflit lors de brefs passages au pouvoir des travaillistes, échouent l’une après l’autre. Le « processus d’Oslo » bute sur deux phénomènes parallèles : la colonisation côté israélien et le terrorisme côté palestinien, tous deux promus par une vision religieuse du conflit. Après l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un Juif fanatique, c’est une vague d’attentats islamistes qui, en 1996, assure l’élection d’une courte tête de Binyamin Netanyahou contre Shimon Peres pour son premier mandat de premier ministre. Netanyahou est un nationaliste séculier, mais il se servira des religieux pour se maintenir au pouvoir. Eux se serviront de lui pour enterrer le « processus de paix ».

Quatrième acte. Depuis 2016, Netanyahou est embourbé dans une série d’affaires judiciaires qui risque de le mener en prison. À partir de ce moment, il obéira à une double préoccupation : traîner son procès en longueur autant que faire se peut, ce qu’il parvient à faire avec un succès certain, puisque de manœuvres dilatoires en prétextes de tous genres, au bout de plus de quatre ans de procédure le défilé des témoins de l’accusation vient seulement de se terminer, celui de la défense n’a pas encore commencé. Et s’accrocher au pouvoir coûte que coûte. Privé de majorité à la Knesset, il lance le pays dans une série de cinq élections en quatre ans, dont la dernière, en novembre 2022, lui assure une majorité confortable de soixante-quatre députés sur les cent-vingt que compte la Knesset. Seulement, ce n’est pas n’importe quelle majorité. Le sixième gouvernement Netanyahou est le plus droitier de l’histoire du pays. En font partie les nationalistes ultra de son propre parti, le Likoud, devenu sous sa férule, au terme d’une évolution semblable à celle dont a fait l’expérience le Parti républicain américain, une secte dévouée à sa personne ; les messianiques annexionnistes du parti Sionisme religieux ; les suprémacistes racistes de Puissance juive (sic) ; les deux formations ultraorthodoxes, le Shas séfarade et le Judaïsme unifié de la Torah ashkénaze ; plus, en prime, une chose minuscule dont le programme se réduit à la mise au ban de la société des minorités sexuelles. À tous il distribue des portefeuilles fantaisistes (Héritage, Missions nationales, Identité juive nationale, Patrimoine…) dotés de budgets généreux. Aux deux chefs de parti les plus importants, dont sa survie politique dépend désormais – Bezalel Smotrich de Sionisme religieux et Itamar Ben Gvir de Puissance juive – il donne les ministères clés des Finances pour le premier et de la Sécurité nationale pour le second. Smotrich se fait attribuer en outre un poste ministériel au sein du ministère de la Défense chargé des implantations, position stratégique qui lui permet d’œuvrer à la fois à l’extension de la colonisation, à la légalisation des implantations sauvages, illégales même en droit israélien, et à l’annexion administrative de la Cisjordanie. Ben Gvir, un voyou violent et un criminel récidiviste que l’armée avait refusé en son temps de recruter, est désormais responsable de la police dont il était naguère un habitué des chambres d’interrogatoire.

Ce quatrième acte est décisif, puisque c’est lui qui précipite l’orage qui menace. Les objectifs des uns et des autres ne coïncident pas nécessairement. Netanyahou veut échapper à la justice ; l’extrême droite messianique veut annexer la Cisjordanie, soumettre ses habitants ou les expulser ; les ultraorthodoxes entendent préserver leur autonomie, assurer le financement de leur institutions éducatives et graver dans le marbre de la loi l’exemption de leurs jeunes du service militaire. Mais tous sont unis autour d’un constat : leurs objectifs ne sauraient être pleinement atteints tant que l’État de droit restera debout. Il faut donc l’abattre, en exploitant une configuration politique exceptionnellement favorable pour modifier en profondeur l’équilibre des pouvoirs au profit de l’exécutif, et, à cet effet, mettre un terme à la fonction de la Cour suprême comme garante de l’État de droit. Ce fut l’objet de la « réforme judiciaire » présentée le 4 janvier à la Knesset par le ministre de la Justice Yariv Levin, un ultra du Likoud.

Le lundi 23 février 2023, la Knesset a voté en première lecture les deux premières lois du coup d’État constitutionnel concocté par le gouvernement Netanyahou. Présentés comme des amendements à la Loi fondamentale sur le pouvoir judiciaire, elles assurent, pour l’une, le contrôle absolu du gouvernement sur le Comité de nomination des juges, pour l’autre, l’interdiction à la Haute Cour de justice de censurer les lois votées par la Knesset. Ces deux textes, en attendant ceux qui doivent suivre, abolissent à eux seuls la séparation et l’équilibre des pouvoirs, sans lesquels il n’est pas de démocratie libérale. Ils annoncent un changement de régime.

C’est une crise sans précédent dans l’histoire de ce pays, qui n’en a pourtant pas été avare, un de ces moments de bascule qui séparent les annales d’un peuple entre un avant et un après, une révolution pour tout dire. Et, comme toute révolution, celle-ci prend les allures d’une guerre civile, pour l’heure latente, mais qui risque à tout moment de verser dans la violence. Deux camps se font face : d’un côté, le noyau dur de « bibistes » prêts à s’immoler par le feu sur l’autel du grand homme, ainsi que l’ensemble du camp religieux, divisé entre haredim (ultraorthodoxes) et nationaux-religieux, mais unis dans la haine de la « gauche » – terme insultant englobant des gens de droite, voire de la droite dure, mais coupables d’avoir failli au Lider Maximo – et de ses bastions supposés, les tribunaux, l’Université, la presse. De l’autre côté, toutes les forces vives de la nation, sans lesquelles elle ne saurait ni se défendre, ni produire, ni tenir son rang dans le monde. Mais voilà, les premiers sont au pouvoir, ont la rage au cœur et il leur semble qu’ils tiennent une chance unique de refaçonner le pays à leur image. La démocratie, pour eux, commence et se termine dans l’urne ; ils n’ont pas lu Rousseau, mais ils ont découvert tout seuls la loi d’airain de la volonté générale : ils sont majoritaires, donc ils ont raison. Ils auraient tort même s’ils étaient majoritaires, or ils ne le sont même pas. La coalition a obtenu aux élections de novembre moins de voix que ses adversaires, et seule l’imbécillité de ces derniers, incapables de s’unir et d’éviter ainsi la perte sèche d’au moins sept mandats, lui a assuré la pluralité des sièges au parlement. Par ailleurs, tous les sondages montrent qu’une forte majorité d’Israéliens rejettent leur coup judiciaire. Selon des enquêtes d’opinion récurrentes, les deux tiers des Israéliens pensent que la Haute Cour doit continuer à pouvoir censurer des textes législatifs incompatibles avec les Lois fondamentales, et s’opposent au changement de la méthode de sélection des juges. Plus significatif encore, de fortes minorités parmi les électeurs des partis qui forment la coalition se disent opposés aux « réformes ». Bref, contrairement à la propagande gouvernementale, le peuple d’Israël n’a pas voté pour « ça ».  

D’où l’émergence incroyablement rapide d’une opposition puissante et aussi déterminée d’aller jusqu’au bout que ses adversaires. Il ne s’agit pas de l’opposition parlementaire, faible et divisée. Mais de l’opposition nationale, dont l’unité et la ferveur idéologique, nées du désespoir, sont la grande nouveauté de l’hiver révolutionnaire issu de la tentative de coup d’État du gouvernement. Cette unité et cette ferveur idéologique étaient jusqu’ici l’apanage de la droite colonisatrice ; ce n’est plus le cas. Semaine après semaine, dix mois durant, des dizaines de milliers de manifestants descendent dans la rue au cri de de-mo-kra-tiya !, un phénomène sans précédent nulle part ailleurs dans son intensité et sa durée. La mer bleu-blanc qui les noie a une seule signification : le camp de la démocratie libérale s’est réapproprié le drapeau national, jusqu’ici monopolisé par la droite, voire la droite extrême.

Cette tentative de coup d’État judiciaire visant à régler la démocratie israélienne sur l’heure de Budapest ou d’Ankara et l’énorme réaction populaire qui s’en est suivie, ont déchiré le tissu social et mis à mal les corps constitués, armée et services de sécurité compris. En effet, pour une armée qui repose sur les réserves, l’adhésion des civils est essentielle. Cela est surtout vrai dans les corps d’élite, notamment l’aviation, les commandos et les renseignements. Ainsi, dans l’aviation, les réservistes ne font pas de périodes militaires normales, puisqu’ils sont tout le temps à pied d’œuvre. Les pilotes sont des civils, certes, mais ils s’entraînent au moins un jour par semaine, leurs capacités opérationnelles en dépendent. Toute la structure de l’instruction, dans leurs escadrons, dépend également des réservistes.  Et tout cela repose sur le volontariat. Or, des milliers de réservistes dans l’aviation et les autres unités d’élite ont publiquement déclaré que, si le coup d’État judiciaire se poursuivait, leur contrat avec l’État démocratique était rompu et ils allaient cesser de répondre à l’appel. Les généraux et les chefs des services de sécurité ont essayé de prévenir le premier ministre des effets que cette crise de confiance ne manquerait pas d’avoir sur l’état de préparation des forces armées ; celui-ci a refusé de les recevoir. Pis, quand, en mars 2023, le ministre de la Défense a annoncé qu’il allait prendre publiquement la parole pour dire la vérité au peuple, il a été brutalement limogé. Mettre à pied son propre ministre de la Défense parce qu’on ne voulait pas entendre ce qu’il avait à dire, et qu’on ne voulait pas que les gens l’entendent... Cette curieuse conception du pouvoir a été sanctionnée par une gigantesque manifestation spontanée, et Netanyahou a dû reculer.

Cependant, le drame apparemment sans fin de la « réforme judiciaire », qui visiblement absorbait toute l’énergie de la nation et affaiblissait ses capacités de défense, a convaincu le Hamas et ses alliés que le moment était propice pour un grand coup.

(La suite de ce texte sera publiée demain, mardi 30 juillet.)