Monique Dagnaud edit
Directrice de recherches à l'EHESS Site personnel de l'auteur Écrivez à Monique Dagnaud-
2 juillet 2012
La fortune contrastée des partis pirates
Le Parti pirate français a raté son décollage lors des dernières élections. La presse locale et les journaux d’information se sont emballés pour ses candidats, adeptes de la campagne à zéro euro. Mais leur aventure a tourné court : n’obtenant pas au moins 1 % des voix dans au moins 50 circonscriptions pour accéder au financement public des partis, ils sortent du jeu. Pourquoi une percée aussi timide, alors que leurs homologues allemands ont le vent en poupe ? lire la suite
-
7 juin 2012
Garder Hadopi?
Parmi les passions françaises, Hadopi est certainement la plus incandescente. Comment rémunérer les artistes et les auteurs alors qu’explosent les consommations de biens culturels dématérialisés – le plus souvent gratuitement ? Moins de deux ans après être entrée en vigueur, la loi instaurant un système de riposte graduée est sur le point d’être abrogée – François Hollande en a pris l’engagement lors de sa campagne – au profit d’un autre dispositif aux contours assez peu définis jusque-là. Que penser de ce stop and go des pouvoirs publics, face à un enjeu crucial ? lire la suite
-
18 avril 2012
Jeunes: la séduction Le Pen?
Un récent sondage mettait le Front national, avec 26%, en tête des intentions de vote des 18-24 ans – contre 25% pour François Hollande et 16% pour le Front de gauche. Ce score signe la marque des jeunes en grande difficulté d’insertion. Ces « invisibles » sont fort éloignés de la jeunesse étudiante qui, bien présente dans l’espace public, sait faire parler d’elle par ses propres médias (L’Etudiant, Campus, Ma chaîne étudiante, etc.) et par ses actions syndicales ou associatives. Alors que les étudiants votent peu pour Marine Le Pen, une fraction importante de la jeunesse populaire se range dernière elle. Cette nouvelle a suscité des commentaires stupéfaits alors qu’il s’agit d’une donnée repérée par les politologues depuis longtemps. lire la suite
-
28 février 2012
Le coût humain du système scolaire
Analysant les mesures avancées par François Hollande envers l’école, Olivier Galland en critique la timidité et le caractère classique (la dépense publique). Elles lui semblent, in fine, insuffisantes pour renverser la vapeur sur un point crucial : le nombre de jeunes qui sortent sans formation du cycle scolaire, un nombre qui, me semble-t-il, va au-delà des 20 % toujours cités. Il préconise une approche plus qualitative (autonomie des établissements, évolution du métier d’enseignant). Je partage pleinement ce diagnostic, et adhère à ces quelques propositions. Mais ne faut-il pas être plus radical si l’on veut enrayer « ce mal français » ? lire la suite
-
2 février 2012
Piratage : on rouvre le dossier
Après maintes hésitations, François Hollande a tranché : s’il emporte la Présidentielle, il supprimera la loi Hadopi. Au profit de quoi ? « Une grande loi signant l’acte 2 de l’exception culturelle » réconciliant internautes et créateurs. Jusqu’ici tout va bien. S’agit-il du retour vers la mythique licence globale ? Non, répond Aurélie Filippetti, qui s’occupe de la culture dans son équipe de campagne. François Hollande n’envisage pas cette solution qui suppose la dépénalisation de tout téléchargement et de tout échange entre particuliers. En revanche, il préconise de renforcer la lutte contre la contrefaçon commerciale, de favoriser des offres légales, de doper le financement des contenus par tous les intervenants dans la filière numérique, notamment les FAI (Fournisseurs d’accès internet), et éventuellement Google. Il envisage d’y faire également participer les usagers. lire la suite
-
5 décembre 2011
Presse : le défi de l’information augmentée
Depuis plusieurs années, le sort de la presse quotidienne imprimée est en sursis. Tout se délite autour de ce fleuron des médias. A la fin du XIXe siècle, l’intellectuel Gabriel Tarde en encensait les vertus démocratiques, la désignait comme l’outil de l’émancipation individuelle et de la pacification des rapports humains. Aujourd’hui, elle semble appartenir à une époque révolue, et, pourtant, comme un malade que personne ne consent à voir disparaître, elle mobilise tous les soins des pouvoirs publics (rapport du Centre d’analyse stratégique, novembre 2011). Comment enrayer son déclin ? Comment lui injecter du sang neuf ? lire la suite
-
4 novembre 2011
Les indignés d’Amérique
Occupy Wall Street est un mouvement social non identifié. Les indignés de la place Tahrir en appelaient à la démocratie. Ceux de la Puerta del Sol réclamaient des jobs. Ceux de la Place Syntagma s’insurgeaient contre la chape d’austérité infligée par la Troïka. La protestation contre Wall Street relève d’une composition chimique infiniment plus complexe. lire la suite
-
15 septembre 2011
Aubry et Hadopi
Martine Aubry annonce vouloir abroger la loi Hadopi si elle est élue présidente de la République. Elle préconise l’instauration d’un prélèvement d’un euro sur l’abonnement Internet afin de financer les droits d’auteur et la création musicale. Que penser de ce projet qui revient à dépénaliser le téléchargement illégal ? lire la suite
-
10 juillet 2011
News of the World : plongeon dans un caniveau
Avis de tempête sur les îles britanniques. News of the World, le tabloïd chéri des Anglais pour le weekend, cesse de paraître après 168 années de bons et loyaux services envers l’information trash. Son arrêt de mort semble avoir été signé en trois minutes chrono. Son enterrement s’est scellé par un dernier tirage exceptionnel de 5 millions de copies, soit 3,3 millions de £ de recettes, aussitôt attribuées à des organismes de bienfaisance, précise aimablement le Times, quotidien appartenant lui aussi à New Corps. Un électrochoc de l’autre côté de la Manche, où les déboires de Rupert Murdoch sont âprement commentés. Mais un électrochoc également pour les observateurs étrangers, conviés à cette occasion à une expédition spéléologique dans les ténèbres des tabloïds. lire la suite
-
13 juin 2011
Qui sont les Indignés de la Puerta del Sol ?
Après plus d’un mois d’occupation de la Puerta del Sol, les « Indignés » espagnols ont levé le camp. Cette mobilisation avait fait des émules en Grèce avec l’envahissement de la place de la Constitution à Athènes le 5 juin, et en France avec des occupations sporadiques (place de la Bastille à Paris, place de l’église Notre-Dame à Poitiers, place Bellecour à Lyon). Contrairement aux apparences ces manifestations désabusées n’ont pas grand-chose à voir avec les révolutions arabes dont elles disent s’inspirer. Que signifient-elles donc ? lire la suite
-
12 mai 2011
Les BRICs font aussi du cinéma
Cinéma et puissance ont-ils partie liée ? Les pays émergents qui aspirent à rayonner dans le concert des nations cherchent-ils à développer leur cinéma ? Une exploration des politiques des BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine) révèle une spirale vertueuse : développement économique, émergence d’une classe moyenne et effort pour financer des industries de l’image vont de pair. Cette dynamique diffère toutefois d’un pays à l’autre. lire la suite
-
14 avril 2011
Le PS et l’élitisme républicain
Le Parti socialiste regarde la jeunesse avec les yeux de Chimène. Mais a-t-il mesuré ce que cette priorité impliquait ? L’effort gigantesque annoncé en faveur de l’éducation servira-t-il vraiment son objectif égalitaire ? lire la suite
-
12 mars 2011
Peuples éduqués, peuples révolutionnaires ?
Les révoltes en Tunisie et en Egypte ont fait remonter à la surface des données spectaculaires sur la jeunesse des pays arabes. En Tunisie, dans la tranche des 19-24 ans, il y a 35,2% d’étudiants, et en Égypte 28%. En Algérie et en Jordanie, traversées elles aussi par des vagues de protestation, le taux est respectivement de 31% et 36%. Comme environ la moitié de la population de ces pays a moins de 25 ans, on mesure l’effort de ces sociétés, et en particulier des familles, pour élever le niveau éducatif de cette abondante progéniture. lire la suite
-
11 février 2011
Qui choisir pour diriger un journal ?
Le salut de la presse viendra-t-il du renouvellement de ses dirigeants ? Les observateurs s’interrogent. Le Monde a choisi la formule « fleuve tranquille » : Erik Izraelewicz, vieux routier du journalisme écrit, est un ancien de la maison. Son projet s’inscrit dans le droit fil de ce qui se dit sur ce « qu’il faudrait faire » depuis des années : souder davantage la rédaction du papier avec celle du Net, densifier le contenu du quotidien, étoffer l’offre du week-end. Une innovation pourtant : une parution le matin (peut-être)… une incertitude supplémentaire pour l’économie de l’imprimerie du Monde, toujours en suspens. Libération a choisi l’homme qui venait de la radio : Nicolas Demorand a peu d’expérience de la presse écrite, il est un interviewer incisif – ce qui n’est pas la qualité première que l’on demande à un patron de presse – mais, jovial et optimiste, il entend incarner une gauche disposée à se « ré-enchanter ». Deux profils tranchés. L’option sans risque ou celle qui décoiffe. lire la suite
-
16 janvier 2011
La presse écrite plongera-t-elle dans le tout numérique ?
La disparition de la presse écrite est-elle inéluctable ? Peut-être. Mais ses difficultés découlent davantage de l’avènement du numérique que d’une forme de désintérêt social pour l’information. lire la suite
-
26 décembre 2010
Cinéma indien: la revanche sur Slumdog
Les milieux du cinéma indien s’étaient montrés fort réservés à l’égard du film Slumdog millionnaire. Amitabh Bachchan, « dieu vivant » du cinéma indien, s'était étonné qu’un réalisateur occidental puisse obtenir un tel succès, huit oscars tout de même, en filmant sous un jour peu reluisant la pauvreté de son pays. Si le film sur le bidonville de Dharavi avait été réalisé par un metteur en scène indien, « ce ne se serait peut-être pas produit », écrivait-il, pour ensuite se rétracter lors la nomination à Hollywood. De fait, les cinéastes indiens ont reproché à Danny Boyle son peu de respect pour la complexité indienne, sa complaisance dans la peinture de la misère, et son ignorance : faire parler en anglais un gamin des rues, quelle incongruité ! lire la suite
-
23 novembre 2010
PS : la roue de la distribution étatique
La Convention pour l’égalité réelle du PS a accouché d’un texte formidable. Elle se propose de faire tourner la grande roue de la redistribution étatique afin de réduire toutes les disparités : de salaires, de revenus, d’éducation, de logement, de santé, d’équipement des territoires, de mobilité, et de statut. En dehors des traditionnels ennemis du peuple, qui pourrait ne pas adhérer à ce programme, collectif pour ne pas dire collectiviste, et offrant de surcroît l’avantage de ne pas être chiffré ? Pourtant, un volet de ce programme retient l’attention : il concerne l’éducation et l’insertion des jeunes. lire la suite
-
18 octobre 2010
Jeunes : pensez d’abord à vous !
Les lycéens ont-ils perdu la tête ? La jeunesse a mille raisons de se révolter, mais saisir l’enjeu de la sauvegarde de la retraite à 60 ans pour descendre dans la rue est un choix étonnant. C’est sur les générations montantes, pour l’essentiel, que reposeront les cotisations alourdies pour financer les retraites – même si l’on augmente la contribution du capital en faveur de l’effort collectif, ce que demande à juste titre la gauche. Soutenir les avantages acquis des générations vieillissantes ? lire la suite
-
15 septembre 2010
I believe in myself, say the youth
An opinion poll carried out in August 2010 among the 16-30 year old suggests that if they don’t believe in the future of the French society, the young ones put all their hopes in their own forces. To improve one’s future, one trusts oneself, supported by friends and family. Far away from any disillusionment, the new generation shows the energy of children surrounded by close ones and socialized in groups of peers. In this new public space emerges another conception of the res publica. (in French) lire la suite
-
14 septembre 2010
«Je crois en moi», dit la jeunesse
« Je crois en l'autre, je crois en moi », chantait Claude Nougaro. Un sondage IFOP effectué en août 2010 pour le ministère de la Jeunesse auprès des 16-30 ans confirme qu’à défaut de croire en l’avenir de la société française, les jeunes mettent toutes leurs espérances dans leurs propres forces. Pour améliorer son avenir, une seule planche de salut : soi-même, soutenu par les amis et la famille. Loin de l’image du désenchantement qui lui est souvent affublée, la génération montante affiche l’énergie des enfants entourés par leurs proches, et profondément socialisés dans des groupes de pairs. Dans ce nouvel espace public se forge une autre conception du rapport à la res publica. lire la suite
- Chargement...