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12 février 2010
La face gauche du voile
La nouvelle « affaire du voile » montre les incohérences et les inconséquences des stratégies politiques de l’époque. Incohérences et inconséquences auxquelles nul n’échappe si l’on écoute les différentes réactions. Ce fait divers politique aurait pu passer inaperçu si le contexte n’avait pas été aussi brûlant depuis des semaines à coup de débats sur la burqa et sur l’identité nationale. Des débats qui ont été lancés par une majorité aux abois, en quête de suffrages sur sa droite, et qui éclairent d’une lumière crue la façon dont la gauche a perdu ses repères sur ces questions. Les petits jeux de la gauche antilibérale apparaissent comme un révélateur de cette confusion. lire la suite
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11 février 2010
Vaccins: combien ça coûte?
Le gouvernement a-t-il trop dépensé pour sa campagne de vaccination contre la grippe A H1NI ? Jusqu’où faut-il pousser le principe de précaution en matière sanitaire ? Difficile de répondre de manière abrupte. Mais cette affaire aura eu le mérite de mettre en avant le coût de la mesure sanitaire, coût qui ne préoccupe guère une opinion publique soucieuse avant tout qu’on limite les risques auxquels elle est exposée. Comment procéder pour consacrer les deniers publics aux combats les plus efficaces ? lire la suite
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10 février 2010
Criminalité: faut-il avoir peur des immigrés?
Silvio Berlusconi a récemment fait scandale en associant les chiffres de l’immigration et ceux de la criminalité. Depuis la polémique fait rage en Italie… mais personne ou presque ne regarde les statistiques. Celles-ci sont pourtant disponibles sur le site de l’Insee cisalpin, l’Istat. D’un côté des Alpes comme de l’autre, il est utile de s’y référer, et plus utile encore de les analyser soigneusement. lire la suite
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31 janvier 2010
Les effets inattendus de la contrefaçon
La contrefaçon a mauvaise presse : travail volé, marques pillées, insécurité sur les produits, notamment pharmaceutiques… La perte d’emploi pour l’économie française notamment est importante, et ce au profit des pirates, le plus souvent venus de Chine. Mais les choses sont-elles aussi simples ? N’y aurait-il pas aussi des effets bénéfiques de la contrefaçon ? lire la suite
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27 janvier 2010
Droits de l'Homme dans l’UE : merci la Douma !
En approuvant le 15 janvier 2010 la ratification du protocole 14 de la Convention européenne des droits de l'Homme, la Douma lève le dernier obstacle à l'adhésion de l'Union européenne à la Convention. Ce protocole permet principalement de simplifier les procédures de la Cour, ce à quoi s'opposait la Russie, dernier État à ratifier le texte parmi les 47 que compte le Conseil de l'Europe. Mais il permet aussi à l’UE de ratifier ce texte alors que, jusqu'à présent, seuls des États pouvaient adhérer. Cela n'est pas sans conséquence pour l'architecture juridique européenne. lire la suite
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21 janvier 2010
Le PS ne veut pas de burqa mais se voile la face
L’affaire du port de la burqa en France pose une double question, l’une de fond, l’autre de méthode. Pour ce qui est du fond, deux positions sont apparues dans le débat récent. La première est que l’interdiction du port de la burqa constituerait un viol des droits fondamentaux de la personne et doit donc être combattue. La seconde est que le port du voile intégral est condamnable car incompatible avec les valeurs de la République. La seconde de ces positions est en réalité commune aux deux grands partis, le PS et l’UMP. Dès lors se pose la question de méthode : faut-il ou non légiférer pour interdire cette pratique ? lire la suite
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17 janvier 2010
Comment négocier avec Google ?
Que faire avec Google ? Après des années de guerre frontale, la France prend le chemin de la négociation. La charge avait été lancée en 2005 par Jean-Noël Jeanneney, à l’époque président de la BNF, lorsque la firme de Mountain View avait commencé à numériser des livres français sans demander d’autorisation. Tout accord avec Google était alors perçu comme un pacte de dupes. Grâce à Gallica, la bibliothèque numérique développée par la BNF et des associés européens, on pensait mener l’offensive contre le géant de l’Internet. Aujourd’hui, le gouvernement tend la main et propose un partenariat à Google. Recul ou réalisme ? lire la suite
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13 janvier 2010
Faut-il externaliser les services publics ?
De nombreux pays, tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, le Royaume-Uni, mais aussi de manière plus surprenante la France ou la Suède, ont entrepris d’externaliser une partie de leurs services publics. Cette vague d’externalisation touche des secteurs aussi divers que la gestion de l’eau, la collecte des déchets, les transports publics, les services postaux, ou la construction et la gestion des autoroutes. L’externalisation implique non seulement le transfert d’actifs mais aussi celui du contrôle du service public vers une entreprise de droit privé. Du point de vue économique, on peut s’étonner de tels choix dans des secteurs qui s’apparentent à ce que les économistes appellent des monopoles naturels. lire la suite
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24 décembre 2009
Mort d’un dissident islamiste
Le Grand Ayatollah Hossein Ali Montazeri, mort le 19 décembre 2009 à Qom à l’âge de 87 ans, avait une personnalité particulière qui le distinguait nettement des autres ayatollahs iraniens. Théoricien du nouveau régime, rien ne le prédestinait à devenir une figure emblématique de la dissidence iranienne. lire la suite
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18 décembre 2009
Les artistes victimes d’Internet
« Je me moque complètement d’Internet, ce sont les artistes qui m’intéressent ! » s’exclame Philippe Ogouz, président de l’ADAMI (société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes), lors des Rencontres européennes des artistes à Cabourg les 10 et 11 décembre 2009. « Pourrons-nous encore vivre de nos métiers dans 20 ans alors que la précarité des artistes ne cesse d’augmenter ? Les artistes sont les grands perdants du numérique. » Est-ce bien vrai ? lire la suite
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18 novembre 2009
Google rend-il stupide ? (2)
Dans mon précédent article, je m’interrogeais : faut-il prendre au sérieux le cri de guerre lancé par Nicholas Carr dans The Atlantic (juillet/août 2008) : « Google rend-il stupide ? » En effet, si les intellectuels et les diplômés sont les premiers utilisateurs du Web, l’univers du papier leur demeure très familier. Mais qu’en est-il des autres catégories sociales ? lire la suite
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6 novembre 2009
Faut-il débattre de l’identité nationale?
Lancé à l’initiative d’Éric Besson, secrétaire général adjoint de l'UMP et ministre de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, le « grand débat » sur l’identité nationale est attaqué dans son principe par de nombreux intellectuels et hommes politiques. Certes, les visées politiciennes sont cousues de fil blanc et le thème de la nation a connu bien des vicissitudes au XXe siècle. Les termes mêmes du débat peuvent prêter à discussion en invitant d’emblée à réfléchir sur des « valeurs ». Faut-il pour autant refuser de mener ce débat ? lire la suite
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30 octobre 2009
Google rend-il stupide ? (1)
Récemment un journaliste américain écrivait ceci : « Il me semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations comme le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Avant j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais je fends la surface comme un pilote de jet-ski. » Que faut-il en penser ? lire la suite
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18 octobre 2009
Pourquoi "ils" ne démissionnent pas ?
S'il est une caractéristique plus marquée en France qu'ailleurs, c'est bien l'acharnement avec lequel les responsables se maintiennent en place contre vents et marées. En dépit d'échecs patents des stratégies économiques, sportives ou managériales ou malgré une situation personnelle a priori bien peu compatible avec une fonction éminente dans la République, il semble bien que rien ne peut affecter celui qui est placé au plus haut sommet. Tout au plus concédera-t-on que l'échec est d'abord celui des joueurs, de l'encadrement intermédiaire ou celui d'une défaillance dans la communication. Or, la récurrence de tempêtes médiatiques autour de personnalités se conjugue avec l'étrange absence du seul problème qui importe vraiment : peut-on encore exercer un mandat quand on a, à ce point, fragilisé l'institution ou l'organisation qui a confié ce mandat ? lire la suite
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13 octobre 2009
Suicides: Zola is watching you
La plupart des déclarations publiques provoquées par les suicides professionnels produisent un discours d’un manichéisme confondant. D’un côté les exigences de la concurrence, les contraintes de compétitivité, les changements indispensables, bref l’horreur économique. De l’autre côté, des hommes et des femmes de chair et d’os soumis à la pression des objectifs, les résultats inatteignables, les mobilités forcées, les destins fracassés, bref la souffrance humaine. On n’aurait plus le choix qu’entre deux pis-aller: moins d’économique au nom de l’homme, ou plus d’humain malgré les contraintes de l’économie mondialisée. Vraiment ? lire la suite
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10 octobre 2009
Presse : le piège terrible de la gratuité
Sale temps pour la presse. S’installer devant son café le matin en dépliant son journal est devenu un geste rustique. Au même moment, des millions de Français ouvrent leur ordinateur, et surfent de site en site. Pourtant, l'« horreur économique » n'est pas loin dès lors que les gains économiques des sites Internet ne compensent pas ou très mal les pertes de ressources du papier. Un effet de ciseau diabolique. lire la suite
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8 octobre 2009
Polanski : la Suisse est-elle coupable ?
Les cinéastes français montent vite au créneau. Il fut un temps où ils défendaient très directement leur beefsteak, comme en témoignent les manifestations de rue autour des accords Blum-Byrnes, dans les années d’après-guerre. Avec le temps et la consolidation de leur aisance financière grâce aux obligations d’investissements des chaînes de télévision en faveur du cinéma ou aux miracles de l’avance sur recette, les ressorts des luttes de la cinématographie française ont changé. Sur la durée, une vraie corporation a ainsi émergé, ses membres, en raison de la puissance sans cesse accrue de leur clairon médiatique, trouvant des soutiens prestigieux et parfois même extérieurs à la profession quand l’occasion se présentait. Ainsi en va-t-il de l’affaire Polanski. lire la suite
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17 juillet 2009
La fin des théories ?
L'époque où des données sans théorie n’étaient que du bruit est-elle révolue ? L’analyse de données prend de plus en plus le pas sur les autres formes de connaissance. Les situations de vie ont tendance à être définies comme des problèmes cognitifs, dont la nature est computationnelle ou qui se posent en termes de navigation. Dans ce néopositivisme, non seulement la perception, mais une part essentielle de l'analyse conceptuelle est désormais superflue. lire la suite
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9 juillet 2009
Hadopi et utopies
Du groupe de rap IAM au chanteur Bénabar, ils n’en reviennent pas. Que l’on puisse télécharger illégalement leurs chansons, que l’on trouve normal de ne pas rémunérer leur travail, ces artistes engagés en ont le souffle coupé. « J’ai conscience qu’il y a des zones d’ombre dans cette loi. Mais il faut bien quelque chose pour réguler Internet. C’est affligeant de passer pour un mec de droite que de dire cela ! Réguler, c’est de gauche ! », s’exclame Bénabar à propos de la loi Hadopi sur Rue89. Un coup de massue supplémentaire leur tombe sur la tête : les sénateurs socialistes qui, contrairement à leurs collègues de l’Assemblée Nationale, avaient voté la première version de la loi, n’ont pas soutenu Hadopi 2, jugée « inutilement répressive ». Le débat véhément qui entoure ce projet conduit le béotien de surprise en surprise et le désarroi des artistes s’accroît face à des passions qui paraissent démesurées. Ni le dispositif juridique (commun avec d’autres pays), ni la dimension économique (un problème de réactivité commerciale) ne suffisent à expliquer le déchaînement des affects autour de Hadopi. C’est du côté des utopies politiques qu’il faut porter le regard pour comprendre la radicalité des réactions. lire la suite
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27 juin 2009
Comment rémunérer les dirigeants ?
Beaucoup de commentateurs considèrent que les modes de rémunération des dirigeants ont largement contribué à la crise financière, en les encourageant à prendre trop de risques et à gérer leur entreprise en vue d’un profit à court terme. Le président Obama a proposé de nouvelles règles pour les dirigeants d’entreprises ayant reçu des aides publiques. Mais des critiques se sont élevées, pointant la motivation d'abord politique de ces règles et surtout leur peu d’efficacité. Elles ciblent en effet le niveau de rémunération, plutôt que la structure de cette rémunération, dont l’impact économique est pourtant plus déterminant. Nous proposons ici une solution différente, qui réglerait une partie des problèmes structurels et s’appliquerait à toutes les entreprises. lire la suite