• 2 mai 2006

    Les quatre CGT

    Les quatre CGT

    Bernard Thibault a gagné : son document d'orientation a été adopté par le congrès de la CGT avec un score de 80%. La centrale de Montreuil poursuit ainsi sa mue, une mue engagée depuis plusieurs années dans la fureur et le bruit. Deux cruels désaveux ont provisoirement fragilisé la direction du syndicat en 2005 : lors de la campagne du référendum européen, la CGT s'était clairement prononcée pour le non, alors que Bernard Thibault avait proposé que le syndicat reste neutre ; lors du conflit de la SNCM, les marins avaient critiqué ses tentatives de négociation avec le gouvernement. Mais l'ambiance n’est plus la même, quelques jours après le recul du Premier ministre sur le CPE, perçu comme une victoire syndicale.

  • 22 avril 2006

    L'incroyable M. Lassalle

    Le groupe japonais Toyo Aluminium est revenu le vendredi 14 avril sur sa volonté d'extension de son usine Toyal hors de la circonscription du député UDF des Pyrénées Atlantiques, Jean Lassalle, qui met ainsi fin à 31 jours de grève de la faim. Ce fait divers, repris par la plupart des médias, mais surtout mis en avant par le gouvernement et les décideurs publics locaux, est révélateur de la confusion qui règne en France sur les mutations économiques en cours.

  • 14 avril 2006

    Quand le CNE passera devant le juge : trois scénarios possibles

    À supposer que le CNE survive politiquement au retrait du CPE, trois scénarios semblent envisageables dans la façon dont le juge tranchera d'éventuels conflits du travail dans le cadre de ce contrat.

  • 6 avril 2006

    CPE : les conséquences juridiques d'une vraie-fausse promulgation

    La position exposée par le Président de la République dans sa déclaration du 31 mars 2006 pose problème au regard du droit constitutionnel et du droit du travail.

  • 5 avril 2006

    La préférence pour l'immobilisme

    Depuis 20 ans, les jeunes, notamment les étudiants, ont refusé toutes les réformes concernant l'accès aux études supérieures ou au marché du travail : en 1986 la réforme Devaquet (actuel conseiller du Président Chirac) ponctuée par la mort tragique de Malik Oussekine, en 1993 le CIP d'Edouard Balladur, et plus récemment la réforme du baccalauréat prévue par François Fillon et les tentatives timides de Luc Ferry d'accorder plus d'autonomie aux universités : toutes ces réformes et beaucoup d'autres ont suscité l'hostilité des jeunes et ont été finalement abandonnées. Certaines d'entre elles étaient sans doute bonnes, d'autres peut-être mauvaises, mais ce qui frappe c'est la systématicité du refus. Le CPE va s'inscrire, selon toute probabilité, dans cette longue liste des réformes avortées, dans le domaine de l'enseignement et de l'insertion professionnelle.

  • 20 mars 2006

    De l'ignorance économique

    On peut parfaitement être hostile au CPE. Sur Telos, Bernard Brunhes et Eric Chaney nous ont fourni des éléments convaincants sur ce point. Mais cela ne justifie pas pour autant que l’on dise sur l’emploi à peu près n’importe quoi. C’est pourtant ce que la lecture d’un tract contre le CPE, signé par les sections d'Attac, du PS, du PCF, du 13e arrondissement fait craindre : « A l'opposé du CPE et des choix libéraux du gouvernement, il faut prendre sur les bénéfices des actionnaires pour financer la création massive d'emplois et l'augmentation du pouvoir d'achat (...) S'attaquer réellement au chômage, ce serait par exemple : créer massivement des emplois dans les services publics et la fonction publique (enseignement, hôpitaux), réduire le temps de travail en imposant des embauches correspondantes, redonner du pouvoir d'achat en augmentant les salaires pour tous contre la précarité, faire du CDI la norme. » Comment peut-on oser dire (penser ?) de telles âneries ? Comment peut-on avoir une telle méconnaissance des mécanismes économiques ?

  • 19 mars 2006

    Pourquoi le CPE n'est pas la solution

    Les politiques ont la mémoire courte. Il y a presque exactement treize ans, un gouvernement fraîchement désigné a tenté de changer les règles du salaire minimal pour que les jeunes sans qualification puissent être embauchés à moindre coût. Le « Smic jeunes », comme on l’a vite surnommé, a envoyé des milliers d'étudiants et de lycéens dans la rue, avant d’être retiré par le Premier ministre d’alors, Edouard Balladur. On tourne actuellement à Paris une nouvelle version de ce mauvais film : Dominique de Villepin voit se dresser contre son CPE une nouvelle génération d'étudiants. Le film pourrait bien finir de la même façon.

  • 17 mars 2006

    Pourquoi le papy-boom ne fera pas exploser les dépenses de santé

    La menace d'une explosion des dépenses de santé liée au vieillissement de la population est très souvent invoquée. Sur un ton alarmiste, on dénonce la passivité générale, alors qu'une vague démographique serait sur le point de submerger nos systèmes de santé. Cette inquiétude est-elle fondée ?

  • 15 mars 2006

    Du bon usage des statistiques ethniques

    Pendant de nombreuses années, peu de voix se sont élevées pour réclamer des statistiques ethniques. Au demeurant et sauf dérogation, l’article 8 de la loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés du 6 janvier 1978 (amendée en 2004) interdit la collecte et le traitement de « données sensibles », en particulier l’origine raciale ou ethnique. Le débat n’a véritablement commencé qu’au début des années 1990 avec les revendications de chercheurs pour qui les sciences humaines ne pouvaient plus s’affranchir de mesurer la dimension ethnique des comportements humains. En 1991, les travaux de la démographe Michèle Tribalat – qui avait reconstruit une variable composite à partir du lieu de naissance et de la langue pratiquée pour étudier les phénomènes migratoires – suscitaient une très forte controverse autour de la non-pertinence et des dangers d’une « variable ethnique », controverse ravivée dans des termes quasi-identiques à la fin des années 1990.

  • 14 mars 2006

    Pourquoi tant d’intermittents ?

    Aujourd’hui, les activités artistiques sont dotées d’un puissant pouvoir d’attraction, et ne semblent plus réservées aux ambitions de jeunes de banlieue. Une partie des enfants de la moyenne ou grande bourgeoisie aspire à y développer une activité. Les engorgements du système de l’intermittence reflètent à la fois les contradictions culturelles du capitalisme, entre logique productiviste et individualisme hédoniste, et la situation dans la société française faite aux jeunes adultes pour qui, quitte à être « précaire », autant l’être dans un métier créatif.

  • 8 mars 2006

    Et si l'on s'attaquait enfin aux inégalités entre hommes et femmes?

    Et si l'on s'attaquait enfin aux inégalités entre hommes et femmes?

    Chaque année, rituellement, le 8 mars est l'occasion de faire le point sur les inégalités entre hommes et femmes et de faire semblant de s’étonner de leur ampleur, voire de s’en indigner. On referme ensuite soigneusement le dossier pendant les 364 autres jours. Ce faisant, personne n’attaque de front la question centrale de l’emploi des femmes, de sa différence – de degré et de nature – avec celui des hommes, de la perte que constitue l’absence d’emploi, le sous-emploi et les emplois inadéquats à leurs compétences, pour les femmes elles-mêmes, mais aussi pour la société. Développer l’emploi des femmes, en quantité et en qualité, est absolument nécessaire. Cela implique une révolution de notre organisation sociale et de nos modes de travail.

  • 6 mars 2006

    Classer les universités est fort utile

    Le classement 2004 mondial des universités par une équipe de chercheurs de la Shanghai Jiao Tong University a donné lieu à de très nombreuses critiques : si l'on y retrouvait dans le haut les leaders incontestés comme Harvard, Stanford ou le MIT, d'autres, comme les universités françaises, y brillaient par leurs mauvais rangs. Je souhaite cependant défendre ici l'idée que les classements d'universités, à condition d'être correctement réalisés, pourraient être extrêmement utiles à la fois aux étudiants, aux employeurs et aux pouvoirs publics.

  • 6 mars 2006

    Réformer le code du travail, mais pas sans concertation

    En France, on ne sait pas réformer. Du moins on ne sait plus. Les gouvernants ont beaucoup de mal à imaginer les processus de décision qui permettent de faire évoluer une société. Dans une grande entreprise, lorsque l’on veut opérer une transformation, un virage, un changement, on construit un « projet ». L’Etat ne connaît pas ces règles du jeu. Les objectifs ne sont pas avoués (pour ne pas effaroucher sa propre majorité) ; le ministère du Budget ne consent pas à dégager les crédits nécessaires ; le comité de pilotage n’existe pas ou il n’est qu’un faux semblant : ce sont les cabinets qui, quand ils en ont le temps, font les arbitrages.

  • 5 mars 2006

    Qui doit payer pour les intermittents ?

    Au cours des vingt dernières années, les effectifs d’intermittents ont quadruplé, le volume de travail rémunéré qui leur était alloué était multiplié par 2, la masse salariale par 3, et les dépenses d’assurance-chômage par 9. Paradoxe fantastique : alors que ce secteur a connu une croissance continue (en financements, en revenus distribués, en volume de travail alloué), il s’est adossé de plus en plus fortement au chômage au point que le chômage a progressé plus vite que l’emploi. Situation totalement absurde au regard du fonctionnement habituel du marché du travail. Qui est responsable ? Chacun et personne : c’est le propre d’un système d’emploi désintégré que de diluer totalement les responsabilités.

  • 25 février 2006

    Les classements internationaux d’universités ont-ils un sens?

    Lorsqu’en 2003, le site Internet de l’Université Jiao Tong de Shanghaï rendait public le premier classement mondial des 500 meilleures universités, cet objet nouveau a d’abord été accueilli, dans les milieux universitaires, avec un scepticisme condescendant. Qu’une université chinoise quasi-inconnue ose prétendre classer les meilleures universités du monde... En 2004, pourtant, un périodique britannique, le Times Higher Education Supplement, emboîtait le pas en proposant son propre ranking. La controverse fait depuis lors rage, sur la méthodologie, les critères, la pertinence même d’un classement pour évaluer les performances des établissements d'enseignement supérieur. Mais faute d’autres instruments de comparaison, ces classements ont fini par faire autorité.

  • 11 février 2006

    Contre les ghettos : cibler les personnes et plus seulement les territoires

    Les violences urbaines de novembre 2005 ont mis en évidence l’échec de près de trois décennies de politique de la ville. L’insuffisance relative des moyens mis en œuvre au regard des besoins immenses explique sans doute une partie de cet échec. Mais l’échec tient peut-être aussi à la difficulté de concevoir une politique qui doit nécessairement intervenir dans une multiplicité de domaines tels que le logement, l’éducation, la santé, l’emploi ou la sécurité. C’est le caractère cumulatif de ces différents facteurs qui contribue à la ghettoïsation des banlieues.

  • 27 janvier 2006

    Le sort peu enviable des jeunes sans diplôme

    La crise des banlieues est étroitement liée à la situation des jeunes sans diplôme, auxquels les plans d'action devraient accorder une attention toute particulière afin de les sortir de l'impasse.

  • 23 janvier 2006

    Pourquoi l'exception culturelle s'exporte mal

    Une politique culturelle offensive fait-elle d'un pays un conquérant des marchés internationaux ? Rien n'est moins sûr, comme en témoigne l'exemple de la France.

  • 22 janvier 2006

    Comment les films américains financent l'exception culturelle

    Les derniers chiffres de fréquentation des salles de cinéma en France sont décevants. Ils résultent largement de l'absence de gros blockbusters américains sur les écrans. Faut-il y voir par contrecoup la vitalité de l'exception française et sa résistance à l'emprise américaine ? Rien n'est moins sûr, car les films américains sont une source majeure de financement de l'exception culturelle...

  • 18 janvier 2006

    Peut-on licencier quand on fait des profits ?

    Par un arrêt du 11 janvier, la Chambre sociale de la Cour de cassation vient d'admettre la légitimité de licenciements économiques intervenus à la suite de refus de modifications du contrat de travail dans le cadre d'une réorganisation visant à " prévenir des difficultés économiques à venir liées à des évolutions technologiques (...), sans être subordonnées à l'existence de difficultés économiques à la date du licenciement ".