• 13 February 2009

    Pour sauver les banques, regardons leurs dettes

    Pour sauver les banques, regardons leurs dettes

    Un renflouement massif des banques occidentales semble nécessaire s’il faut réamorcer le crédit et éviter une récession plus grave encore. Comment agir ? À regarder un bilan de banque comme d’ailleurs celui de toute entreprise, il n’y a que trois façons possibles. Soit on opère du côté de l’actif du bilan des banques, celui qui porte les prêts et titres financiers qu’elles ont acquis, dont pas mal d’actifs malsains. Soit on regarde du côté du passif de leur bilan, celui qui décrit leurs sources de financement, ce qui donne les deux autres façons possibles : la deuxième agit sur les fonds propres de la banque, en pratique par injection directe de capital par les États ; la troisième et dernière façon consiste à agir sur les emprunts et dettes qu’elles ont contractés, en prenant en compte que les banques commerciales se financent grâce aux dépôts bancaires (comptes à vue ou à terme par exemple) de leurs clients, mais beaucoup aussi par emprunts directs sur le marché.

  • 10 February 2009

    L'Europe à la traîne

    L'Europe à la traîne

    Les taux d’intérêt aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou au Japon sont pratiquement à 0% mais la BCE a choisi de rester inactive en février, avec un taux directeur à 2%. Obama presse le Congrès d’adopter une relance budgétaire de l’ordre de 7% du PIB alors que les gouvernements européens donnent l’impression de faire de l’audace avec des gestes qui ne pèsent que 1%. La différence entre un taux d’intérêt à 2% ou à 0% n’est pas extraordinaire, mais ce qui frappe, c’est la différence de réaction. Certes, la crise est « made in USA » c’est aux États-Unis que la récession est la plus profonde. Il est donc normal que les autorités réagissent avec plus de vigueur. Mais la relative passivité des Européens est spectaculaire. Les autorités européennes – BCE, gouvernements – ne semblent pas avoir pris la mesure des dangers et, pire encore, semblent coincées par des considérations idéologiques d’un autre temps. Au moment où l’on nous annonce une nouvelle initiative Merkel-Sarkozy, on peut se demander quelles sont les raisons de cette passivité.

  • 9 February 2009

    Le versant sombre du petit facteur

    Le versant sombre du petit facteur

    Olivier Besancenot est devenu une personnalité médiatique de tout premier plan et les journalistes ont fait de la naissance du Nouveau parti anticapitaliste un phénomène politique de première importance. Le renouvellement générationnel incarné par le jeune leader de l’ancienne organisation trotskiste a tenu lieu, pour nombre d’entre eux, de renouvellement tout court. Le gauchisme nouveau est arrivé. Nouveau, c’est vite dit. À lire l’ouvrage que viennent de publier Besancenot et Bensaïd, Prenons parti. Pour un socialisme du XXIe siècle, et qui esquisse le modèle de socialisme qui devrait inspirer le nouveau parti, l’ancien est bien présent. Dans son rapport au trotskisme, dans son rapport à la démocratie représentative pour ne pas dire à la démocratie tout court et enfin dans son rapport au capitalisme, le neuf a bien du mal à chasser le vieux.

  • 4 February 2009

    Chacun pour soi, la crise pour tous !

    Chacun pour soi, la crise pour tous !

    Si la crise actuelle évolue vers un désastre comparable à la Grande Dépression, ce sera probablement du fait d'un manque de coopération entre les grandes économies. L'histoire de l'économie mondiale moderne et de son effondrement dans les années 1930 montre que les principales puissances doivent travailler ensemble si elles veulent maintenir un ordre économique international intégré. Mais les États ne sont capables de faire les sacrifices nécessaires au soutien de la coopération internationale que si leur population manifeste un minimum de soutien politique en faveur d’une économie mondiale ouverte. Cela ne va pas de soi aujourd’hui.

  • 28 January 2009

    Une vertu en trompe-l'œil

    Une vertu en trompe-l'œil

    La Commission européenne a récemment révisé à la baisse ses prévisions de croissance. Elle prévoit désormais une contraction du PIB de la zone euro de 1,9% en 2009. Onze des seize États-membres de la zone seraient ainsi en récession en 2009, la baisse du PIB pouvant aller jusqu'à -5% en Irlande. Sous l'effet des stabilisateurs automatiques et des plans de relance, la moitié des États-membres de la zone euro pourraient afficher en fin d'année un déficit budgétaire supérieur au seuil de 3% du PIB. La Commission prévoit des déficits particulièrement importants en Irlande (11% du PIB) et en Espagne (6,2%). Comment des pays aussi vertueux que l'Irlande et l'Espagne ont-ils pu soudainement sombrer dans des déficits abyssaux ?

  • 27 January 2009

    Faut-il nationaliser les banques ?

    Faut-il nationaliser les banques ?

    Où en est aujourd'hui le système bancaire français ? Les banques font la queue au guichet de l’État pour lever des capitaux frais, mais elles prétendent qu’elles sont correctement capitalisées. Cet apport de l’État est nécessaire à leurs yeux pour maintenir un rythme soutenu d’octroi de crédits nouveaux, mais elles affirment aussi que leurs encours de crédit n’ont cessé de progresser malgré la crise. Alors que les acteurs économiques, ménages et entreprises, dénoncent l’attrition du crédit et que le médiateur, M. Ricol, menace de dénoncer sur la place publique les banques inciviques, ces dernières protestent de leur bonne foi et assurent qu’il n’y a pas de risque de credit crunch en France.

  • 25 January 2009

    L'affaire du bouclier antimissile

    L'affaire du bouclier antimissile

    Avec l'arrivée d'une nouvelle administration américaine, l'avenir du bouclier antimissile en Europe centrale est incertain. La crise géorgienne a permis de préciser l'enjeu du projet. « La meilleure publicité pour le radar a été faite en Ossétie du Sud », a laissé échapper le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek. Ce lapsus contredit le discours officiel tenu jusqu'ici à Prague, à Varsovie et à Washington, qui évoquait une menace balistique émanant du Moyen-Orient et non de Russie. Les débats tchèques et polonais, qui divergent, permettent d'éclairer les stratégies des gouvernements.

  • 19 January 2009

    Europe : en attendant Obama...

    Europe : en attendant Obama...

    Il n'est pas inutile de se demander ce que l'Europe est en droit d'attendre de l'administration Obama. Pourtant la réponse à cette question n'a de sens que si préalablement les Européens s'interrogent sur ce qu’eux-mêmes attendent des États-Unis. Or il n'est pas acquis que les Européens soient au clair avec eux-mêmes au terme d'une année riche en événements et aux enseignements contradictoires.

  • 16 January 2009

    Les syndicats contestataires ont-ils le vent en poupe ?

    Les syndicats contestataires ont-ils le vent en poupe ?

    Les élections prudhommales ont eu lieu. Les chiffres ont parlé. À l’heure où de nouvelles règles du jeu vont entrer en vigueur, le champ syndical a-t-il gagné en lisibilité ? Au rebours des commentaires hâtifs qui ont suivi l’élection, il semble au contraire marqué par trois paradoxes.

  • 12 January 2009

    Le juge européen et l’environnement

    Le juge européen et l’environnement

    Alors qu'entre 1958 et 1997 seulement quinze questions préjudicielles ont été posées par le Conseil d’Etat à la Cour de justice européenne, dix l’ont été au cours des seules années 2007 et 2008. Cela nous donne une idée de l'importance considérable prise par la justice européenne dans le droit interne français. Cette influence du droit européen s'est récemment manifestée dans le domaine de l'environnement. La société Arcelor, mécontente des charges qu'on lui imposait dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, a saisi les tribunaux français et européens.

  • 9 January 2009

    Russie-Ukraine: vrais et faux enjeux

    Russie-Ukraine: vrais et faux enjeux

    Chaque Saint-Sylvestre depuis 2005, les négociateurs ukrainiens en charge des relations énergétiques avec la Russie attendent minuit avec anxiété. Cette année, comme en 2006, les approvisionnements russes sont stoppés. La crise géorgienne et la solidarité ukrainienne pour Tbilissi n’ont pas facilité les rapports bilatéraux entre les deux voisins. Mais la précipitation et l’approximation diplomatique de décembre à Kiev expliquent en grande partie le scénario actuel. Comment en est-on arrivé là ? Pour le comprendre, il faut s’attacher aux stratégies des différents acteurs.

  • 22 December 2008

    Les idées « neuves » du vieux Parti socialiste

    Les idées « neuves » du vieux Parti socialiste

    Il est à la fois naturel et compréhensible que le Parti socialiste français, comme la plupart des partis de gauche en France et ailleurs, ait gauchi son discours au plus fort de la crise et effectué un retour aux sources de son idéologie. Pour autant, son nouveau texte d’orientation ne tranche pas entre la vieille pensée, fondée sur une idéologie anticapitaliste, et une pensée authentiquement réformiste proposant une nouvelle approche, notamment dans les domaines de l’emploi, de la solidarité ou des institutions.

  • 18 December 2008

    Europe : un style Directoire ?

    Europe : un style Directoire ?

    Un récent rapport détaille comment la Présidence française de l’Union européenne (PFUE) est parvenue avec une certaine réussite à mener différents dossiers. Certaines priorités figuraient dans le programme initial : énergie-climat, immigration, PAC, défense et, de façon moins explicite, l’Union pour la Méditerranée. D’autres enjeux ont été imposés par une actualité internationale particulièrement chargée avec notamment le conflit russo-géorgien en août et la crise financière à partir de septembre. La PFUE n’est certes pas parvenue à résoudre l’ensemble de ces dossiers mais un examen attentif de chacun des problèmes permet d’affirmer qu’elle a fait au mieux, corrigeant là ses erreurs initiales (Méditerranée), concédant ici d’inattendus compromis (immigration) et cherchant surtout à palier les faiblesses connues de l’Europe par un activisme aussi décontracté qu’inépuisable.

  • 12 December 2008

    Pourquoi Paris et Berlin ne s’entendent pas sur la relance

    Pourquoi Paris et Berlin ne s’entendent pas sur la relance

    Les événements des dernières semaines ont mis en évidence une différence d'appréciation de la crise financière de part et d'autre du Rhin. Tandis que Paris et d'autres capitales prônent les vertus de la relance budgétaire, Berlin se montre réticent. De prime abord, cela semble paradoxal: les finances publiques allemandes, beaucoup plus saines que les nôtres, devraient justement offrir à la plus grande économie européenne une marge de manoeuvre enviable. S'ensuit une incompréhension mutuelle volontiers caricaturée par la presse où la fourmi allemande peu partageuse refuserait de venir en aide aux cigales latines. Afin d'éviter ces travers, il convient de prêter attention à ce que nos voisins nous disent effectivement.

  • 10 December 2008

    Les habits neufs du vieux PS

    Les habits neufs du vieux PS

    Le nouveau PS est arrivé ! Sa nouvelle direction du moins, à la fois « résolument de gauche » et « rénovée », c’est-à-dire dans le langage du socialisme français contemporain à la fois rajeunie, féminisée et « diversifiée ». Cette nouvelle direction a donc une apparence : une liste de noms et de visages dont beaucoup sont inconnus du grand public. Mais elle a aussi une réalité : celle d’un aréopage de professionnels de la politique, vieux routiers des combines de courants et de congrès, « jeunes » anciens responsables des mouvements de jeunesse du parti et rénovateurs permanents passés de courant en courant. Il s’agit davantage d’une rénovation de façade que d’un nouveau cours de l’histoire socialiste. On verra à l’usage, mais l’entame n’est guère convaincante ne serait-ce qu’au regard des objectifs annoncés.

  • 5 December 2008

    La pauvreté: spectacle saisonnier, fléau endémique

    La pauvreté: spectacle saisonnier, fléau endémique

    On a longtemps cru que, croissance des richesses collectives aidant, la pauvreté se résorbait. Dotée d’un généreux système de redistribution, la France n’est d’ailleurs pas si mal placée parmi les pays européens. Mais tous les hivers, des associations comme Les Restos du cœur ou le Secours catholique tirent la sonnette d’alarme et signalent la déferlante des demandes d’assistance qui convergent vers elles. Qui croire? Que faire?

  • 3 December 2008

    Le PS souhaite-il vraiment revenir au pouvoir ?

    Le PS souhaite-il vraiment revenir au pouvoir ?

    Cette question alimente depuis quelque temps les débats et réflexions sur l’avenir de ce parti. L’un des arguments les plus intéressants fournis par ceux qui répondent à cette question par la négative concerne la nature actuelle du parti socialiste. Détenant un nombre très important de positions électives à tous les niveaux, le PS n’aurait plus « assez faim » pour vouloir de surcroît occuper la plus prestigieuse, la présidence de la République. En outre, ses positions locales seraient plus facilement conservées dans l’opposition que dans une situation où le parti serait au pouvoir. Se serait ainsi instaurée une sorte de cohabitation, non pas entre gouvernement et présidence de la République mais entre le national (à droite) et le local (à gauche). Une telle analyse a sa part de vérité. Mais si le Parti socialiste a bien un problème avec le pouvoir national, les raisons principales en sont ailleurs. Et elles sont plus anciennes et plus profondes. Elles renvoient à la difficulté des socialistes d’assumer aussi bien les réalités du capitalisme que celles du système présidentiel.

  • 3 December 2008

    Trade as an international public good

    Trade as an international public good

    After seven years of negotiations, the World Trade Organization (WTO) mini-ministerial meeting held in Geneva last July did not manage to close the gap between delegations to reach a final agreement on the Doha round liberalization modalities. Conflicts still exist on several issues regarding the disciplines that both developed and developing countries should make. Traditional impact studies aim to assess the potential gains of Doha negotiations by comparing the consequences of the negotiation modalities to the status quo (baseline). Therefore, the cost of a failure of the negotiations is just an opportunity cost: the unrealized gains. However, this approach may underestimate the real losses associated with a failure of the DDA. Such a drastic event will make the business as usual assumption uncertain: the status quo is not a long-term perspective for trade policies.

  • 1 December 2008

    Crise financière : la faillite des chercheurs

    Crise financière : la faillite des chercheurs

    Les événements récents ont montré que les évolutions de la structure du marché financier au cours des vingt dernières années en ont fait une poudrière, dont l’explosion a finalement été provoquée par le gonflement de la bulle de crédit entre 2004 et 2007. La recherche académique porte une responsabilité dans cette crise : il est urgent de revenir sur les raisons d'un aveuglement.

  • 25 November 2008

    Même vaincue, Royal a (peut-être) gagné

    On entend beaucoup dire en ce moment, alors que les socialistes se déchirent, que Ségolène Royal serait atypique au Parti socialiste, qu’elle n’en maîtriserait pas les codes ou qu’elle aspirerait à une rénovation en profondeur des mœurs partisanes parce que celles-ci ne seraient pas les siennes. Comment alors ne pas s’étonner de ce que cette personnalité si peu « socialiste », qui veut secouer si fort le « vieux parti », ait pu rassembler derrière son seul nom la moitié des votes des militants lors du scrutin de désignation du Premier secrétaire le 21 novembre ? Alors même qu’elle a contre elle tout ce que le parti compte de célébrités établies – de sa gauche (Fabius, Hamon, Emmanuelli, Montebourg…) à sa droite (Rocard, partisans de Strauss-Kahn…) en passant par son centre (mou) de gravité depuis dix ans (Hollande, Jospin, Delanoë, Aubry…). Bref, comment celle que ses camarades désignent souvent comme une « usurpatrice » a-t-elle réussi un tel coup ?