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11 février 2009
Plan auto : le pire des deux mondes
On croit rêver. Nicolas Sarkozy vient de déclarer au FT Deutschland qu’il faut produire en France les voitures achetées par des Français, comme il est légitime de produire en Inde les voitures achetées par les consommateurs indiens. La rumeur enfle, Sarkozy conditionnerait ses aides financières au secteur automobile à des décisions de relocalisation en France d’usines implantées en Tchéquie ou en Slovaquie. Cette « évidence de bon sens » qui est un immense lapsus protectionniste a été approuvée par M. Bayrou qu’on croyait sincèrement attaché au marché intérieur et, en tous cas, plus européen. Se sentant menacés les dirigeants slovaques ont répondu du tac au tac qu’on renverrait Gaz de France en France au lieu de lui confier la gestion de la distribution gazière en Slovaquie. La démonstration a ainsi été faite en temps réel, le protectionnisme appelle le protectionnisme, c’est un jeu à somme négative. À caresser les opinions publiques dans le sens du poil, on obtient le pire des deux mondes, celui de l’inefficacité économique et du discrédit politique. lire la suite
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10 février 2009
L'Europe à la traîne
Les taux d’intérêt aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou au Japon sont pratiquement à 0% mais la BCE a choisi de rester inactive en février, avec un taux directeur à 2%. Obama presse le Congrès d’adopter une relance budgétaire de l’ordre de 7% du PIB alors que les gouvernements européens donnent l’impression de faire de l’audace avec des gestes qui ne pèsent que 1%. La différence entre un taux d’intérêt à 2% ou à 0% n’est pas extraordinaire, mais ce qui frappe, c’est la différence de réaction. Certes, la crise est « made in USA » c’est aux États-Unis que la récession est la plus profonde. Il est donc normal que les autorités réagissent avec plus de vigueur. Mais la relative passivité des Européens est spectaculaire. Les autorités européennes – BCE, gouvernements – ne semblent pas avoir pris la mesure des dangers et, pire encore, semblent coincées par des considérations idéologiques d’un autre temps. Au moment où l’on nous annonce une nouvelle initiative Merkel-Sarkozy, on peut se demander quelles sont les raisons de cette passivité. lire la suite
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9 février 2009
Le versant sombre du petit facteur
Olivier Besancenot est devenu une personnalité médiatique de tout premier plan et les journalistes ont fait de la naissance du Nouveau parti anticapitaliste un phénomène politique de première importance. Le renouvellement générationnel incarné par le jeune leader de l’ancienne organisation trotskiste a tenu lieu, pour nombre d’entre eux, de renouvellement tout court. Le gauchisme nouveau est arrivé. Nouveau, c’est vite dit. À lire l’ouvrage que viennent de publier Besancenot et Bensaïd, Prenons parti. Pour un socialisme du XXIe siècle, et qui esquisse le modèle de socialisme qui devrait inspirer le nouveau parti, l’ancien est bien présent. Dans son rapport au trotskisme, dans son rapport à la démocratie représentative pour ne pas dire à la démocratie tout court et enfin dans son rapport au capitalisme, le neuf a bien du mal à chasser le vieux. lire la suite
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4 février 2009
Chacun pour soi, la crise pour tous !
Si la crise actuelle évolue vers un désastre comparable à la Grande Dépression, ce sera probablement du fait d'un manque de coopération entre les grandes économies. L'histoire de l'économie mondiale moderne et de son effondrement dans les années 1930 montre que les principales puissances doivent travailler ensemble si elles veulent maintenir un ordre économique international intégré. Mais les États ne sont capables de faire les sacrifices nécessaires au soutien de la coopération internationale que si leur population manifeste un minimum de soutien politique en faveur d’une économie mondiale ouverte. Cela ne va pas de soi aujourd’hui. lire la suite
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2 février 2009
Palestine : un gouvernement d’unité est-il possible ?
Bien que les divergences politiques en termes de projet national ne constituent pas un obstacle à un modus vivendi entre les deux principales formations palestiniennes, la mésentente entre le Hamas et l’Autorité palestinienne va bien au-delà d’une compétition pour l’accès au pouvoir. Les griefs réciproques sont profonds et les accusations de traîtrise risquent de faire éclater la communauté nationale. Quelles sont les conditions pour sortir de l’impasse ? lire la suite
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30 janvier 2009
Peut-on mesurer la productivité des enseignants-chercheurs ?
Dans le contexte des réformes envisagées pour l'Université et les organismes de recherche français, la mesure de l'activité des chercheurs et enseignants-chercheurs prend une place centrale. Elle est complexe, mais pas sans réponse. Complexe, car l'activité des enseignants-chercheurs est multidimensionnelle. De plus, même la plus simple des dimensions, la publication d'articles de recherche, est difficile à mesurer. Toutefois, des solutions existent. Par ailleurs, la mesure de l'activité n'est qu'une première étape. Pour comparer les individus ou les centres selon ce critère, il faut pouvoir raisonner "toutes choses égales par ailleurs" (moyens mis à disposition des universités, conditions de travail des enseignants-chercheurs). Cela est également envisageable. lire la suite
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28 janvier 2009
Une vertu en trompe-l'œil
La Commission européenne a récemment révisé à la baisse ses prévisions de croissance. Elle prévoit désormais une contraction du PIB de la zone euro de 1,9% en 2009. Onze des seize États-membres de la zone seraient ainsi en récession en 2009, la baisse du PIB pouvant aller jusqu'à -5% en Irlande. Sous l'effet des stabilisateurs automatiques et des plans de relance, la moitié des États-membres de la zone euro pourraient afficher en fin d'année un déficit budgétaire supérieur au seuil de 3% du PIB. La Commission prévoit des déficits particulièrement importants en Irlande (11% du PIB) et en Espagne (6,2%). Comment des pays aussi vertueux que l'Irlande et l'Espagne ont-ils pu soudainement sombrer dans des déficits abyssaux ? lire la suite
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27 janvier 2009
Faut-il nationaliser les banques ?
Où en est aujourd'hui le système bancaire français ? Les banques font la queue au guichet de l’État pour lever des capitaux frais, mais elles prétendent qu’elles sont correctement capitalisées. Cet apport de l’État est nécessaire à leurs yeux pour maintenir un rythme soutenu d’octroi de crédits nouveaux, mais elles affirment aussi que leurs encours de crédit n’ont cessé de progresser malgré la crise. Alors que les acteurs économiques, ménages et entreprises, dénoncent l’attrition du crédit et que le médiateur, M. Ricol, menace de dénoncer sur la place publique les banques inciviques, ces dernières protestent de leur bonne foi et assurent qu’il n’y a pas de risque de credit crunch en France. lire la suite
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26 janvier 2009
Paris et le désert français ?
Le prix Nobel d’économie 2008, attribué à Paul Krugman pour sa théorie de la localisation des activités économiques, pointe l’importance des problématiques de géographie économique. En 2008, selon les Nations-Unies, pour la première fois dans l’histoire, plus de la moitié de la population mondiale, soit 3,3 milliards de personnes, vivrait désormais en milieu urbain. En 2008 toujours, la Banque Mondiale a consacré son rapport annuel à la géographie économique, reconnaissant le rôle joué par les facteurs spatiaux dans le processus de développement. L’ampleur des inégalités spatiales entre, mais aussi à l’intérieur, des nations, ainsi que le rôle des économies d’agglomération comme moteur de la croissance économique sont donc pleinement reconnus, tant par les grandes institutions internationales que par le monde académique. lire la suite
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25 janvier 2009
L'affaire du bouclier antimissile
Avec l'arrivée d'une nouvelle administration américaine, l'avenir du bouclier antimissile en Europe centrale est incertain. La crise géorgienne a permis de préciser l'enjeu du projet. « La meilleure publicité pour le radar a été faite en Ossétie du Sud », a laissé échapper le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek. Ce lapsus contredit le discours officiel tenu jusqu'ici à Prague, à Varsovie et à Washington, qui évoquait une menace balistique émanant du Moyen-Orient et non de Russie. Les débats tchèques et polonais, qui divergent, permettent d'éclairer les stratégies des gouvernements. lire la suite
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22 janvier 2009
2009 : une bonne année pour l'euro ?
2008 fut l'année d'un choc financier asymétrique, 2009 sera celle d'un choc économique symétrique. Et de même façon que 2008 fut pour l'euro l'année de tous les dangers, l'année qui vient peut être celle de son salut. Mais pour que ce soit vrai, il est temps d'agir. lire la suite
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21 janvier 2009
Le petit juge et la démocratie
Le discours du président de la République le 7 janvier dernier à la Cour de cassation ne saurait se limiter à une volonté de supprimer le juge d’instruction. Il invite plutôt à repenser une procédure pénale indigne d’une démocratie. Dans ces conditions, le véritable enjeu est celui de l'introduction d'une véritable culture démocratique dans un système pénal mal équilibré. Cette culture ne pourra pas à l'évidence s'imposer uniquement par de nouvelles lois puisque depuis 1958 la France a connu pas moins de 29 réformes de sa procédure pénale... lire la suite
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19 janvier 2009
Europe : en attendant Obama...
Il n'est pas inutile de se demander ce que l'Europe est en droit d'attendre de l'administration Obama. Pourtant la réponse à cette question n'a de sens que si préalablement les Européens s'interrogent sur ce qu’eux-mêmes attendent des États-Unis. Or il n'est pas acquis que les Européens soient au clair avec eux-mêmes au terme d'une année riche en événements et aux enseignements contradictoires. lire la suite
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16 janvier 2009
Les syndicats contestataires ont-ils le vent en poupe ?
Les élections prudhommales ont eu lieu. Les chiffres ont parlé. À l’heure où de nouvelles règles du jeu vont entrer en vigueur, le champ syndical a-t-il gagné en lisibilité ? Au rebours des commentaires hâtifs qui ont suivi l’élection, il semble au contraire marqué par trois paradoxes. lire la suite
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14 janvier 2009
Sarkozy et la démocratie sociale
La présidence de Nicolas Sarkozy, du fait notamment de la loi de modernisation du dialogue social de janvier 2007, a fait entrer les rapports entre démocratie sociale et démocratie politique dans une nouvelle ère. Quels en sont les enjeux? Quel bilan peut-on en faire à l'heure du nouvel accord Unedic? lire la suite
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12 janvier 2009
Le juge européen et l’environnement
Alors qu'entre 1958 et 1997 seulement quinze questions préjudicielles ont été posées par le Conseil d’Etat à la Cour de justice européenne, dix l’ont été au cours des seules années 2007 et 2008. Cela nous donne une idée de l'importance considérable prise par la justice européenne dans le droit interne français. Cette influence du droit européen s'est récemment manifestée dans le domaine de l'environnement. La société Arcelor, mécontente des charges qu'on lui imposait dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, a saisi les tribunaux français et européens. lire la suite
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9 janvier 2009
Russie-Ukraine: vrais et faux enjeux
Chaque Saint-Sylvestre depuis 2005, les négociateurs ukrainiens en charge des relations énergétiques avec la Russie attendent minuit avec anxiété. Cette année, comme en 2006, les approvisionnements russes sont stoppés. La crise géorgienne et la solidarité ukrainienne pour Tbilissi n’ont pas facilité les rapports bilatéraux entre les deux voisins. Mais la précipitation et l’approximation diplomatique de décembre à Kiev expliquent en grande partie le scénario actuel. Comment en est-on arrivé là ? Pour le comprendre, il faut s’attacher aux stratégies des différents acteurs. lire la suite
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22 décembre 2008
Les idées « neuves » du vieux Parti socialiste
Il est à la fois naturel et compréhensible que le Parti socialiste français, comme la plupart des partis de gauche en France et ailleurs, ait gauchi son discours au plus fort de la crise et effectué un retour aux sources de son idéologie. Pour autant, son nouveau texte d’orientation ne tranche pas entre la vieille pensée, fondée sur une idéologie anticapitaliste, et une pensée authentiquement réformiste proposant une nouvelle approche, notamment dans les domaines de l’emploi, de la solidarité ou des institutions. lire la suite
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18 décembre 2008
Europe : un style Directoire ?
Un récent rapport détaille comment la Présidence française de l’Union européenne (PFUE) est parvenue avec une certaine réussite à mener différents dossiers. Certaines priorités figuraient dans le programme initial : énergie-climat, immigration, PAC, défense et, de façon moins explicite, l’Union pour la Méditerranée. D’autres enjeux ont été imposés par une actualité internationale particulièrement chargée avec notamment le conflit russo-géorgien en août et la crise financière à partir de septembre. La PFUE n’est certes pas parvenue à résoudre l’ensemble de ces dossiers mais un examen attentif de chacun des problèmes permet d’affirmer qu’elle a fait au mieux, corrigeant là ses erreurs initiales (Méditerranée), concédant ici d’inattendus compromis (immigration) et cherchant surtout à palier les faiblesses connues de l’Europe par un activisme aussi décontracté qu’inépuisable. lire la suite
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17 décembre 2008
Le mirage de la relance ciblée
La relance budgétaire est une opération de bon sens. On ne devrait jamais accepter un déficit budgétaire de bon cœur car il est rarement justifié. Après trois décennies de gabegie, la dette publique est élevée et pèse sur l’économie. Mais il n’y a pas le choix. À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Bravo, donc, pour la relance et, courage. Si les prévisionnistes ne se trompent pas – ce serait original ! – il en faudra sans doute beaucoup plus. Mais il est étrange de voir comment une bonne idée peut être immédiatement galvaudée. Tous les groupes d’intérêt n’ont compris qu’une chose : le porte-monnaie de l’État – le vôtre, le mien, celui des contribuables – s’entrouvre. Et le gouvernement semble avoir compris la même chose : le temps est aux bonnes œuvres, celles qui vous valent des reconnaissances durables. À ce jeu très en vogue, ce n’est ni le sens de l’intérêt général ni la qualité du raisonnement économique qui compte, mais le toupet et la gourmandise. De quoi faire pâlir les banquiers. lire la suite