La guerre annoncée de Vladimir Poutine edit

9 janvier 2022

Le 10 janvier, les négociateurs russes et américains se rencontreront à Genève pour entamer des conversations sur la stabilité stratégique, à la suite de deux entretiens téléphoniques entre Vladimir Poutine et Joe Biden, le 7 et le 30 décembre. La tenue de ces conversations répond à une série de plaintes virulentes de la Russie sur la question de l’Ukraine et la politique de l’Occident à son égard, accompagnée d’une concentration de forces russes aux frontières de l’Ukraine, la Russie laissant planer la menace de recourir à la force si ses demandes n’étaient pas satisfaites. L’annonce de la tenue de ces discussions a été généralement accueillie avec soulagement, car elle semblait de nature à apaiser la Russie et à éviter une intervention armée de sa part.

Auparavant, l’on avait assisté à une séquence de prises de position russes qui s’est étalée de juillet à décembre 2021. Elles portent la marque personnelle de Vladimir Poutine et forment une vue cohérente de sa vision du problème et de la façon dont il propose de le régler. Il importe donc de les analyser attentivement.   

Cet examen amène à une conclusion alarmante : la Russie s’estime, sur la question ukrainienne, et plus largement sur l’organisation de la sécurité européenne, la victime d’une entreprise hostile multiforme de la part de l’Occident ; cette entreprise, dont le cœur est l’avancée sous toutes ses formes de l’OTAN en Ukraine, mais ne s’y limite pas, doit cesser ; la Russie doit obtenir la garantie juridique qu’elle prenne fin, et que soit défini avec la Russie un ordre de sécurité rééquilibré en Europe ; si l’Occident ne lui donne pas satisfaction rapidement, la Russie n’aura d’autre choix que de prendre « des mesures technico-militaires » pour corriger la situation injuste qui lui est faite.

Cette séquence s’est ouverte le 13 juillet dernier par un exposé historico-politique du problème ukrainien dans un long article de Vladimir Poutine intitulé : « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens ». Il y développe l’idée qu’un même peuple s’est trouvé divisé en trois entités, la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie, et défend la cause de leur unité historique, linguistique et civilisationnelle.

Au-delà des mérites intrinsèques de cette thèse, qui mériterait discussion, ce qu’il faut en retenir pour l’analyse de la crise actuelle est une idée simple. Pour le président russe, cette division a été encouragée de tous temps par des forces étrangères : l’impérialisme autrichien, la Pologne et l’Allemagne nazie hier, l’Occident depuis l’éclatement de l’URSS. Il n’y a pas de différend russo-ukrainien, ni de problème de fond véritable qui divise les deux pays ; ce sont l’Amérique et ses alliés qui sont, aujourd’hui, la seule cause du problème.

Ceux-ci, selon Vladimir Poutine, travaillent de façon active et persistante à séparer l’Ukraine et la Russie ; ils l’ont fait en 2014 en fomentant la révolution de Maïdan ; ils continuent, en dépit de l’élection en 2019 de Volodymyr Zelensky, a priori mieux disposé envers la Russie que Petro Poroschenko  : « Les auteurs occidentaux du projet «anti-russe» ont mis en place le système politique ukrainien de telle sorte que les présidents, les députés, les ministres changent, mais qu’il y ait une orientation constante vers la séparation avec la Russie, vers l'inimitié avec elle. »

Poutine a, le 18 novembre, élargi ses griefs, devant le Collège du ministère des Affaires étrangères à Moscou,  épisode qui a ouvert la rapide succession d’interventions et de propositions russes qui a culminé à l’occasion de sa traditionnelle conférence de presse-fleuve de fin d’année, le 23 décembre.

Le 18 novembre, il a demandé que cesse le déploiement de « missiles » et de « troupes » aux abords de la Russie et réclamé « de sérieuses garanties de long terme pour assurer la sécurité de la Russie ». Il a déploré que le gouvernement ukrainien ne mette pas en œuvre les accords de Minsk, seule base pour la solution du problème du Donbass, et que la France et l’Allemagne, co-parrains de la négociation le laissent faire.

Il a, le 1er décembre, dans une brève allocution à l’occasion d’une cérémonie de remise de lettres de créances, précisé ses demandes en indiquant que la Russie voulait obtenir des États-Unis et de ses alliés « des accords concrets qui excluront tout élargissement supplémentaire de l’OTAN à l’Est, ainsi que le déploiement de systèmes d’armes nous menaçant à proximité du territoire russe. Je voudrais souligner que  nous avons besoin de garanties légales précises, de garanties juridiques, car nos partenaires occidentaux n’ont pas tenu les promesses verbales qu’ils nous ont faites. »[1]

Le 17 décembre, le ministère russe des Affaires étrangères a rendu publics deux projets de traités correspondant aux dites garanties. L’un, intitulé « Accord sur des mesures pour assurer la sécurité de la Fédération de Russie et des pays membres de l’OTAN » se réfère à des principes généraux de sécurité et prévoit pour l’essentiel que les pays qui étaient membres de l’OTAN avant son élargissement en 1997 s’engagent à ne déployer ni forces ni armes sur le territoire d’autres États en Europe, que tous les parties au traité s’abstiennent de déployer des missiles dans des zones leur permettant d’atteindre le territoire d’autres parties, et que les membres de l’OTAN renoncent à tout élargissement supplémentaire de l’OTAN « y compris  l’Ukraine ou tout autre État ». L’autre est un « Traité entre les États-Unis et la Russie sur des garanties de sécurité ». Y seraient affirmés des principes de « sécurité indivisible, égale et non diminuée » ; les États-Unis s’engageraient à ne pas élargir l’OTAN, à ne pas établir de base sur le territoire de pays ayant appartenu à l’URSS et qui ne seraient pas membres de l’OTAN, ni à entretenir avec eux de coopération militaire ; les deux parties s’engageraient, en outre, à observer diverses restrictions dans le déploiement d’armes et, en particulier, à ne pas déployer d’armes nucléaires hors de leurs frontières.

Le 23, lors de sa conférence de presse annuelle, Poutine n’a rien renié de son analyse de la situation : les dirigeants de l’Ukraine n’appliquent pas les accords de Minsk et la Russie doit se préparer à protéger la population russe du Donbass au cas où ils chercheraient à régler la question par la force ; parallèlement, « on essaye de créer dans ces territoires une sorte d’anti-Russie en y entassant les armements les plus modernes et en lavant le cerveau de la population locale. (…) Comment la Russie doit-elle vivre avec tout cela ? Devons-nous toujours rester sur nos gardes, observant ce qui se passe là-bas et quand une attaque pourrait venir ? »

Évoquant les discussions à venir avec les Américains, il a qualifié de « très positive » leur réponse ; mais il a rappelé que la Russie avait « parlé clairement et directement contre tout élargissement à l’Est de l’OTAN. La balle est dans leur camp. Ils doivent répondre d’une façon ou d’une autre. » Plus loin, il reprend : « L’Ouest aurait dû voir la Russie comme un allié potentiel et la renforcer, mais ils ont fait le contraire et cherché à la fragmenter encore davantage. Puis ils ont commencé à élargir l’OTAN à l’Est. Nous leur avons dit de ne pas le faire, en arguant qu’ils nous avaient promis de ne pas le faire. Ils nous ont dit : «Avez-vous une trace écrite ? Non, allez-vous en, on se moque de vos inquiétudes.» Ils ont continué, année après année, à chaque fois nous avons montré les dents, essayé d’empêcher la chose, exprimé nos inquiétudes. Mais non, ils n’ont rien voulu entendre, disant qu’ils feraient ce qu’ils estimaient nécessaire. Il y a eu une, deux, trois, quatre, cinq vagues d’élargissement. Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas ? Je ne sais pas. Vous pouvez dire que c’est clair de façon abondante. Je crois fermement que c’est clair comme le jour : nous voulons assurer notre sécurité. »

De cet enchaînement de positions de Vladimir Poutine, l’on peut retenir plusieurs points.

Poutine agit avec une émotion visible et le sentiment d’accomplir une mission historique

Les revendications de Poutine s’inscrivent dans une vision historique : celle d’une histoire singulière, où le peuple russe, en butte à l’hostilité du monde extérieur, a su trouver en lui-même les ressources pour demeurer une grande puissance. Les divisions intérieures, les erreurs, les crimes même dont est émaillée l’histoire russe, il préfère les minimiser ou les ignorer. C’est ainsi que dans son article sur l’unité de l’Ukraine et de la Russie, il concède une erreur de l’URSS, celle d’avoir élargi à des terres russes les frontières de l’Ukraine, d’avoir « créé un  pays qui n’existait pas ; il ne mentionne pas la grande famine organisée par Staline en 1932, comme si ce drame ne comptait pas dans l’histoire des relations entre la Russie et l’Ukraine. En ce sens, la coïncidence de la montée de la tension sur l’Ukraine et de l’interdiction de Mémorial n’est pas un hasard. Par ailleurs, celui que les sycophantes qui peuplent les médias à sa dévotion appellent « le rassembleur des terres russes[2] » regarde, après la Géorgie et la Crimée, l’Ukraine comme une mission à accomplir, pour ne pas laisser s’y installer l’inacceptable : une Ukraine à l’indépendance pleine et entière, ouverte à l’influence occidentale et qui s’éloignerait de la Russie. Les signes en ce sens, qu’il s’agisse comme la loi sur les langues de 2019 qui vise à favoriser l’usage de l’ukrainien au détriment du russe, l’exaspèrent. Vis-à-vis des dirigeants ukrainiens, il perd patience.

Le sujet n’est plus le Donbass, mais bien l’Ukraine

On pouvait penser que le statu quo servait les intérêts des Russes. Ils ne s’en accommodent plus. Ils espéraient que le volet politique des accords de Minsk, qui prévoit notamment une large autonomie pour le Donbass, y compris la police et la justice, et la modification de la constitution ukrainienne dans un sens fédéral, leur donnerait un levier d’influence permanent sur les choix de l’Ukraine. Or Kiev joue la montre et les parrains du processus de Minsk, la France et l’Allemagne, n’ont pas réussi à rapprocher les vues des parties sur la séquence des mesures à prendre. L’option existe, pour l’Ukraine, de déclarer le Donbass territoire occupé et de s’en désintéresser. Dans ces conditions, il ne sera plus le levier d’influence sur Kiev que les Russes escomptaient, et le temps risque de jouer contre eux. Aussi bien, dans leurs prises de position des derniers mois, les Russes dénoncent-ils les atermoiements de Kiev ; mais ils ne réclament plus en priorité la mise en œuvre des accords de Minsk. Ils ont élargi le sujet à l’Ukraine entière et à sa relation avec l’Ouest, qu’ils blâment pour la paralysie du processus de Minsk.          

Poutine ne veut pas d’une négociation avec Kiev mais avec les seuls Américains

Interrogé sur l’article historique de Poutine en juillet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu qu’il avait bien de la chance de trouver le temps d’écrire de si longs articles et qu’il aurait mieux fait d’en utiliser un peu pour parler avec lui. Dans un article insultant paru début octobre dans Kommersant, l’ancien président russe Dimitri Medvedev a écrit – réponse à ce trait d’humour qui n’a pas dû plaire ? – qu’il ne servirait à rien pour la Russie de lui parler, puisqu’il n’était qu’un vassal des États-Unis, avertissant Zelensky, qui est juif, que les forces nationalistes avec lesquelles il était allié « finiraient par lui coudre une étoile jaune sur le dos ». Le rejet du leadership de Kiev est donc total, et les Russes ne veulent d’autre interlocuteur dans l’affaire ukrainienne que l’instigateur, à leurs yeux, de l’aliénation de l’Ukraine à l’égard de la Russie, les États-Unis. Vis-à-vis d’eux, les discours de Poutine sont ambivalents : comme dans une querelle de famille, les griefs de toute sorte, réels et imaginaires, accumulés depuis des années ressortent d’un coup avec violence et en désordre ; en même temps, Poutine recherche et valorise la relation avec une puissance avec laquelle il lui plaît de poser en égal.

Ses demandes ne pourront être satisfaites 

À s’en tenir à la lettre des demandes de Vladimir Poutine, celles-ci ne pourront être satisfaites : sans parler du fond, des garanties en forme de traité mettraient des mois à être négociées (outre leurs chances d’être jamais ratifiées par le Sénat américain, qui sont nulles) ; certaines, qui remontent à l’ère soviétique comme le retrait des armes nucléaires américaines d’Europe, ouvrent toute une série de problèmes dont l’on ne pourrait venir à bout qu’après des années ; les armes offensives dont la Russie allègue la présence à ses frontières et demande la suppression sont un mystère : s’agit-il des missiles anti-char portables Javelin que les Américains livrent depuis 2017 à l’Ukraine ? Des armes anti-missiles de l’OTAN en Roumanie et en Pologne, projet qu’Obama a déjà révisé à la baisse au début de sa présidence dans le cadre du « reset » avec la Russie au profit de systèmes anti aériens Aegis ? Ni les Javelin ni les Aegis ne sont offensives. Surtout, pourquoi l’Ouest devrait-elle prodiguer des assurances de sécurité unilatérales à la Russie, et quelles garanties celle-ci est-elle prête à donner en échange ? Cette question posée lors de la conférence de presse du 23 décembre a indigné Poutine, qui a répondu : les membres de l’OTAN se garantissent les uns les autres, ils se suffisent, nous n’avons rien à leur donner ; réponse qui laisse entière la question-clé : la Russie est-elle prête à accepter l’indépendance de l’Ukraine et quelles assurances est-elle prête à donner à cet égard ?

Or il se montre pressé et intransigeant

Non sans candeur, lorsqu’il a présenté ses objectifs au Collège du ministère des Affaires étrangères russe, Poutine a dit : « Malgré vos masques je vois des sourires sceptiques dans vos yeux, comment peut-on attendre cela de nos partenaires, peu fiables pour dire le moins ? Mais nous devons essayer. » Ce qui n’a pas empêché le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov d’insister sur l’urgence et le caractère indivisible des propositions russes : qu’on ne nous fasse pas traîner en longueur, ou commencer à sélectionner les sujets, a-t-il dit en substance. Tout cela tend à suggérer que ces demandes sont faites pour être rejetées, et donner aux Russes le prétexte dont ils ont besoin pour intervenir militairement en Ukraine. 

La Russie a tous les moyens de dominer une éventuelle escalade militaire en Ukraine 

Cette interprétation se présente d’autant plus à l’esprit que deux données militaires dominent cette affaire. La première est que la Russie a, sur le plan régional, une supériorité militaire écrasante et ce que, dans le jargon stratégique, l’on appelle la maîtrise de l’escalade : quelle que soit la réponse militaire qu’il pourrait lui opposer, elle a les moyens de dominer son adversaire à chaque niveau de l’escalade. La deuxième donnée est que le déploiement des forces russes semble dirigé non vers le Donbass, mais vers une portion bien plus large de l’Ukraine, ce qui ouvre plusieurs hypothèses : une invasion du sud de l’Ukraine pour établir une continuité territoriale entre la Russie et la Crimée ; la poursuite de ce mouvement vers l’Ouest pour comprendre l’ensemble de la « nouvelle-Russie », cette frange méridionale de l’Ukraine, dont Poutine a espéré, en vain, qu’elle se soulèverait en même temps que le Donbass en 2014 ; voire une occupation de tout l’Est de l’Ukraine jusqu’au Dniepr, c’est-à-dire jusqu’à Kiev. À quoi s’ajoute une inconnue supplémentaire, la plus troublante de cette affaire : à quoi peut servir l’option militaire dans cette affaire ? Quel que soit le scénario retenu, sur quoi peut-il déboucher : une nouvelle portion de l’Ukraine rattachée à la Russie ? Avec quel projet politique pour les relations entre la Russie et l’Ukraine, la Russie et l’Ouest, sinon une inimitié irréconciliable entre les premiers, et une nouvelle guerre froide entre ces derniers ?   

L’élargissement de l’OTAN aura enragé les Russes sans améliorer la sécurité de l’Ukraine

Dans la crise actuelle, l’OTAN porte une responsabilité importante, celle d’avoir fait miroiter à l’Ukraine une perspective d’adhésion aussi irréaliste que dangereuse. En 2008, au sommet de Bucarest, elle avait pris une décision sage qui était de ne pas engager de processus d’adhésion avec un pays qui n’était pas menacé, où elle n’avait pas d’intérêt majeur et qu’elle n’avait pas les moyens de défendre, alors qu’il représentait pour la Russie un intérêt quasiment existentiel. On doit à la diplomatie britannique le compromis inepte qui a consisté à ne pas admettre l’Ukraine, tout en disant dans le communiqué du sommet : « Nous avons décidé que ce[s][3] pays deviendrai[en]t membre[s] de l’OTAN. »  Il en résulte qu’on a eu le pire de deux mondes : des dirigeants russes que cette perspective a au mieux sincèrement effrayés, au pire servis, en les aidant à alarmer l’opinion russe contre l’Occident ; une Ukraine pas davantage protégée, et dont les dirigeants ont pu avoir l’illusion qu’ils auraient le soutien de l’Occident en cas d’épreuve de force avec les Russes. 

Dès demain, la diplomatie américaine va se trouver face au dilemme soit de risquer une guerre pour défendre la liberté de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN, alors que l’OTAN n’a nulle intention d’exercer cette option ; soit de rassurer les Russes sur le fait que l’OTAN ne va pas s’élargir à l’Ukraine ; ce qui serait répondre à la demande russe la plus compréhensible et au fond la plus importante, peut-être la seule façon de désamorcer la crise, mais dans des circonstances où ce geste risque de passer pour un acquiescement à la mainmise de la Russie sur l’Ukraine.    

Les perspectives qu’ouvre l’offensive diplomatique russe sur l’Ukraine sont déplorables et potentiellement dramatiques. Rien de bon n’en sortira. C’est dire que les enjeux de la négociation de Genève sont énormes, et les risques de succès faibles : Poutine a fait tapis, tout mis sur la table et s’est – volontairement, on peut le craindre – mis dans une situation où il lui sera difficile de reculer. On peut se dire qu’il bluffe ; lui seul le sait, mais il n’en donne pas l’impression et ce serait hasardeux de parier là-dessus.

L’Administration Biden, affaiblie à l’intérieur et par la débâcle afghane, aura peu de marge de manœuvre face à sa première grande crise. Elle a su, jusqu’ici, combiner la fermeté, en menaçant la Russie de graves sanctions, et l’ouverture, avec la négociation de Genève. On ne sait si elle aura les qualités pour la gérer avec succès.

Les Européens, ou plutôt la France et l’Allemagne, peuvent y contribuer : ces deux pays ont été les plus opposés à l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine ; ils sont les parrains du processus de Minsk. Ils peuvent aider les États-Unis à descendre du perchoir où la promesse irresponsable du communiqué de Budapest les a mis. Ils peuvent, avec l’aide des États-Unis, relancer le processus de Minsk. Encore faudrait-il que la France sorte de sa délectation pour les calculs politiciens autour du  Covid et la sémantique présidentielle, et s’aperçoive que nous sommes peut-être entrés dans la plus grave crise internationale depuis la fin de la guerre froide.

Poutine dit que nous sommes ses ennemis peut-être parce qu’il le pense, mais surtout parce qu’il s’y est obligé: c’est le seul lambeau de réalité qui cadre avec son système. Tout le problème est que le discours de guerre tend à être performatif. À force de se dire en guerre avec nous, Poutine risque de se sentir obligé de traduire, si peu que ce soit, son discours en actes.

Quinze jours après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, quatre données commencent à apparaître clairement.

Vladimir Poutine voulait s’emparer rapidement de l’Ukraine, il a échoué

Le président russe se représentait l’Ukraine comme un rameau du tronc russe qui en était artificiellement séparé par les mensonges de ses dirigeants et les manœuvres de l’Occident, et aspirant, au fond d’elle-même, à rejoindre la Russie ; or il s’avère que l’Ukraine veut rester indépendante ; les Ukrainiens l’ont démontré aux yeux du monde en se battant avec courage et détermination ; un million et demi de ceux qui ne pouvaient se battre ont préféré l’exil.

Il pensait atteindre rapidement ses objectifs, dont le principal était l’élimination du gouvernement de Kiev, remplacé par un pouvoir pro-russe ; or Volodymyr Zelenski tient. Cela condamne Poutine, s’il veut atteindre ses buts, à accroître le niveau de son engagement militaire et, à supposer qu’il parvienne à vaincre les forces ukrainiennes, ce qui reste probable malgré leur résistance, à occuper le pays, ce qu’il déclarait initialement ne pas vouloir faire.

Ce gouvernement, qu‘il présentait comme un ramassis de fascistes dirigé par un histrion, s’avère digne et ferme dans la défense de son pays et Zelenski fait figure d’homme d’Etat ; c’est Vladimir Poutine, personnellement atteint par les sanctions occidentales, dévalué par les interrogations sur sa santé, voire sur son équilibre mental, qui se donne en spectacle, à l’occasion de séances télévisées mégalomanes et de déclarations où il perd toute mesure.

Il espérait sans doute diviser l’Otan et l’Europe, et obtenir des soutiens ailleurs dans le monde ; or, l’Otan est ferme et unie ; la Finlande et la Suède la soutiennent et pourraient  la rejoindre en conséquence de la crise ; l’Union européenne ne se contente pas de suivre les Etats-Unis : elle assume une posture de défense totalement inédite dans son histoire, marquée par la livraison commune d’armes à l’Ukraine et un sursaut annoncé de l’effort de défense allemand ; le soutien occidental à l’Ukraine est sans faille, dans les limites du non-recours à la force, clairement posé dès le départ ; les sympathisants traditionnels, arabes et africains, de la Russie sont neutres et ne pèseront pas dans l’issue du conflit ; seule la Chine a apporté à la Russie un soutien, limité et circonspect : les Russes, probablement, ne s’en exagèrent pas la portée.

Poutine voulait réécrire l’histoire ; les événements lui échappent et la Russie est isolée ; l’attention qu’il commande dans le monde, il ne la doit plus au redressement du pays, ni aux qualités stratégiques qu’on lui prêtait complaisamment ; il la doit au problème qu’il a créé et à la peur qu’il suscite.

Poutine opère dans une surréalité distincte du monde réel

Les causes principales de l’échec de Poutine sont doubles : il y a, d’évidence, le mépris de ses adversaires et du rapport des forces. Il n’avait prévu ni la résistance du peuple ukrainien, ni l’isolement international de la Russie, ni la force des sanctions, ni l’unité occidentale et européenne. Mais la cause principale nous semble être la représentation imaginaire qu’il s’est faite de de la réalité.  

La perte du sens des réalités de Poutine a été signalée il y a plus d’un an par Angela Merkel. Comme l’on pouvait le voir en se reportant à son article de juillet 2021 sur les rapports historiques de l’Ukraine et de la Russie, (cf. le commentaire que j’en donne dans mon article publié le 9 janvier dernier) Vladimir Poutine a construit un système dans lequel deux forces nuisibles conspirent ensemble à séparer l’Ukraine et la Russie : l’Occident, acharné depuis toujours à contenir et à démembrer la Russie ; les nationalistes ukrainiens à leur solde, fascistes et héritiers de Bandera.

C’est dans ce système que s’inscrit sa guerre, qui vise à soustraire l’Ukraine à ces deux forces pour remédier à l’anomalie scandaleuse que représente son détachement de la Russie. Toute la rhétorique poutinienne renvoie à la Grande Guerre patriotique, le seul souvenir glorieux de l’histoire soviétique. En témoigne son but de guerre officiel, une Ukraine « dénazifiée, neutralisée et démilitarisée », le même que celui de l’URSS envers l’Allemagne nazie. Il dit mener une guerre défensive et peut-être le croit-il. Bref, il opère dans ce qu’Alain Besançon a appelé la « surréalité » soviétique[4].

Poutine peut-il sortir de ce système, qui renvoie à ses années de formation d’officier du KGB, et à une histoire russe et soviétique mythifiée ? On peut en douter, car il correspond à ses convictions intimes et à la trace qu’il veut laisser dans l’histoire. Or, des réalités que la guerre a mis en pleine lumière, les plus évidentes sont radicalement incompatibles avec son système : l’adhésion des Ukrainiens à l’indépendance de leur pays, le fait qu’une très grande partie d’entre eux, à l’évidence ni fasciste ni sous influence, résistent au péril de leur vie aux forces russes.

Admettre cette réalité, ce serait admettre que lui, qui se voulait le « rassembleur des terres russes », restera dans l’histoire comme le dirigeant russe qui a perdu l’Ukraine là où cela compte, c’est-à-dire dans la tête des Ukrainiens, et peut-être même sur le terrain. Un tel aveu est impossible, au bout duquel il n’y aurait pour lui que le suicide, l’exil ou un jugement pour trahison devant un tribunal russe. C’est une réalité qu’il ne peut admettre.

Poutine est déjà en guerre avec nous

En revanche, il en est une autre série de réalités qui cadre parfaitement avec son système, c’est la réaction occidentale. Sanctions d’ampleur sans précédent, livraisons d’armes à l’Ukraine, y compris de la part de l’UE, dont certains responsables offrent – bien vite et imprudemment – une perspective d’adhésion à l’Ukraine, tout cela le conforte dans sa vision d’un Occident historiquement acharné à humilier, affaiblir et démembrer la Russie. La même intention hostile relie pour lui l’« infâme politique d’endiguement poursuivie pendant des siècles par l’Occident », la chute et l’éclatement de l’URSS, le Kosovo, Maïdan et la réaction occidentale d’aujourd’hui.

Toute son attitude depuis le début du conflit a consisté à amplifier, à l’usage du peuple russe, cette série de réalités et à occulter la première, la résistance de l’Ukraine. Comme dans son article précité, il faut que la cause de tout soit l’Occident. C’est pourquoi il surinterprète et valorise les réactions occidentales et la rhétorique qui les accompagne, comme autant de preuves d’hostilité.

Un responsable occidental s’aventure-t-il à menacer la Russie – de façon peu avisée, il faut l’admettre – d’une « guerre économique totale », que l’ancien président (et Premier ministre jusqu’en 2020) Dmitri Medvedev lui répond que les guerres économiques mènent parfois aux guerres réelles. Zelenski demande-t-il une zone d’interdiction aérienne, que Poutine déclare que ceux qui s’y risqueraient se comporteraient en belligérants (ce qui est techniquement exact), alors même que tous les responsables occidentaux ont absolument et publiquement écarté cette hypothèse.

De son côté, le président russe a déclaré que les sanctions étaient un « acte de guerre », fait dire qu’en le visant personnellement l’Occident passait la mesure, publié une liste d’« Etats hostiles », brandi – il l’avait fait plusieurs fois dans les années récentes – la menace de l’arme atomique.   

Ainsi Poutine, agresseur de l’Ukraine, dit-il n’avoir fait que se défendre contre l’Occident. Il s’estime en guerre avec nous. Le pense-t-il ? C’est une question intéressante, mais au bout du compte relativement secondaire[5]. Staline croyait-il que Boukharine avait mis des lames de rasoir dans les pommes de terre pour saboter le plan quinquennal ? Qu’il le crût ou non, il a agi comme s’il le croyait et c’est l’essentiel.

Poutine dit que nous sommes ses ennemis peut-être parce qu’il le pense, mais surtout parce qu’il s’y est obligé ; parce que c’est le seul lambeau de réalité qui cadre avec son système. C’est au passage – mais sans être la raison principale – la meilleure façon de museler la société russe. Si la Russie est attaquée, alors ses opposants sont des traîtres, et il tient le prétexte pour soviétiser à nouveau la société russe.  

Tout le problème est que le discours de guerre tend à être performatif. À force de se dire en guerre avec nous, Poutine risque de se sentir obligé de traduire, si peu que ce soit, son discours en actes. Il se dit agressé par l’Occident, parce que c’est la seule façon de restaurer la cohérence de son système face à la résistance de l’Ukraine ; mais comment y parvenir, comment mettre l’opinion russe au diapason de ce discours, sans se défendre effectivement contre l’agression occidentale ? Il y a là une logique de guerre, plus déterminante que la question de savoir si Poutine est fou, qui occupe tant les esprits à l’Ouest[6].

Nous sommes engagés avec la Russie dans une épreuve de volonté qui sera longue et coûteuse

Quelle est la conduite à tenir au croisement de ces deux agressions, celle lancée par la Poutine contre l’Ukraine, celle qu’il prétend subir de notre part ? La réponse n’est pas simple car la dynamique de ces deux guerres est contradictoire.

Dans la première, il nous faut aider les Ukrainiens et élever pour Poutine le coût de ses actions ; qu’on le veuille ou non cela implique d’assumer une logique d’escalade : il faudra répliquer au surcroît de violence de Poutine par davantage d’aide à l’Ukraine et par de nouvelles sanctions ; il faudra aussi répondre à ses contre-sanctions ; assumer le coût de l’ensemble de ces mesures pour nos économies et maintenir le soutien de l’opinion, ce qui suppose de l’engager dans la durée dans ce qui s’annonce comme une épreuve de volonté avec la Russie.

En revanche, nous devons démentir l’existence de cette deuxième guerre, la guerre d’agression de l’Occident contre la Russie, cette guerre imaginaire qui sert Poutine. Cela suppose deux choses : tout faire pour éviter que cette guerre ne devienne réelle ; manifester notre absence d’hostilité envers la Russie et continuer à dialoguer avec Poutine ; et même, si l’agression russe en Ukraine était inversée, dire que nous serions prêts à réintégrer la Russie dans l’ordre européen et faire droit à ses griefs légitimes, s’il y en a. Il faut donc mettre en place une combinaison de dissuasion et de désescalade.

Dissuasion…

Quelle que soit notre détermination à rester à l’écart du conflit, cela ne dépend pas que de nous. On ne sait pas jusqu’à quel point Poutine croit à sa propre rhétorique de guerre, mais il est incontestable, d’une part qu’il s’y complaît, d’autre part qu’il est persuadé que la Russie a été maltraitée et est fondée à redresser le tort que lui ont fait les puissances qu’il dit « hostiles », y compris par la force.

Poutine a montré qu’il aimait l’effet de surprise et les faits accomplis. Il faut qu’il soit bien persuadé que l’option d’une prise de gage ou d’une action militaire même symbolique envers les pays de l’OTAN lui est fermée ; c’est de dissuasion classique qu’il est question ici, non de nucléaire : elle correspond aux renforcements de l’OTAN dans les pays périphériques, et à une solidarité militaire occidentale qu’il est essentiel de maintenir visible et crédible.

S’agissant des menaces nucléaires à peine voilées de Poutine, il ne faut ni les dédaigner (l’homme déteste, à l’évidence, qu’on ne le prenne pas au sérieux), ni les valoriser ; en dire le moins possible tout en rappelant au besoin que les postures de dissuasion des puissances occidentales sont solides[7].

… et désescalade

La France a employé le mot pour qualifier sa politique. De toute évidence, ce n’est pas elle qui a la clé d’une éventuelle désescalade, c’est la Russie. Mais il n’est pas inutile de le dire, tout comme il n’est pas inutile de continuer le dialogue avec Poutine. Qu’en attendre ? Sans doute pas une solution négociée, en tout cas pas une solution de compromis. Le président russe a dit qu’il atteindrait ses objectifs, par la négociation ou par la guerre. Dire cela, c’est dire qu’on ne veut pas transiger.

Son objectif central, c’est l’Ukraine, avec un gouvernement sous influence, qui traduise l’identité et l’orientation « russe » de l’Ukraine, donc un gouvernement fictif qui corresponde à son récit de fiction. Il lui faut donc logiquement un changement de régime à Kiev. Les gains territoriaux, la confirmation de l’annexion de la Crimée, l’indépendance de Donbass sont des éléments de cet objectif, mais ne peuvent s’y substituer entièrement, sauf, encore une fois, à ruiner le « système Poutine. »

Il importe néanmoins de parler à Poutine. D’abord, il se peut que, devant les risques énormes qu’implique la réalisation de son objectif, notamment la prise de Kiev et la perspective d’une occupation du pays avec une résistance armée prolongée, il s’arrête à un objectif intermédiaire qu’il puisse négocier avec le gouvernement ukrainien. Nous devons, si nous le pouvons, favoriser une telle issue, bien incertaine à vrai dire.

Ensuite, lui parler peut servir, plus généralement, à calmer le jeu, à l’obliger à dire ce que serait une solution négociée, à jeter la lumière sur ses objectifs et leurs contradictions, bref à déconstruire la fiction que nous sommes l’agresseur ; mais il faut le faire sans illusion.

Il faut, enfin, parler aussi aux Russes, démonter les mensonges de Poutine, ébranler son système. La logique non dite des sanctions, viser le cercle du pouvoir, frapper les intérêts des oligarques, c’est de dissocier Poutine de ses soutiens, les inciter à le modérer, voire à le remplacer. Il y a là un élément de regime change, stratégie en faveur de laquelle les précédents – l’Irak des années 1990 notamment – ne plaident pas. Elle est là, mais ne doit être ni explicite, ni centrale.

Plus important est d’éclairer l’opinion russe sur le conflit et son véritable responsable. La tâche sera difficile : les sondages indépendants réalisés par le centre Levada sur les tensions dans le Donbass à la veille de la guerre montrent qu’une large majorité des Russes en attribuaient la responsabilité à l’OTAN. Mais cela peut changer, et Poutine ne pourra éternellement duper le peuple russe en lui faisant croire qu’il n’a pas envahi l’Ukraine, qu’il y mène une opération humanitaire et que toute la faute en revient à l’Occident. Les jeunes, d’après les mêmes sondages, sont les plus incrédules sur le discours de Poutine, les plus favorables à l’Ukraine et les plus opposés à la guerre. Il y a là un motif d’espoir.

En conclusion, on se permettra de suggérer quelques orientations de bon sens.

  • Arrêter les discours de guerre, qui renforcent Poutine dans son système et compromettent ses opposants russes. Il faudrait que Boris Johnson abandonne son ton churchillien, qui est une faute de goût et une erreur politique : ce sont des Ukrainiens qui vont mourir, pas des Anglais, et ils ont déjà avec Zelenski un leader et des discours à la hauteur de la situation.
  • Eviter les gestes de solidarité vides de contenu comme de faire miroiter à l’Ukraine, à la Moldavie et à la Géorgie, la perspective d’une adhésion à l’UE ; dans les circonstances actuelles, cette perspective valide le discours de Poutine selon lequel l’Occident veut étendre son aire d’influence au détriment de la Russie, elle est vide de tout contenu pratique concevable, et ne peut qu’engendrer de faux espoirs (n’a-t-on pas assez d’une candidature sans issue avec celle de la Turquie ?).
  • Faire plutôt que dire : à supposer que ce soit une bonne idée de livrer des Mig 29 polonais à l’Ukraine et qu’elle soit faisable - deux propositions hautement douteuses - on peut à la rigueur le faire, mais l’annoncer prématurément pour ne pas le faire est la pire des choses.
  • Ne pas sous-estimer les dangers de la situation. La logique de cette crise est d’amener à une confrontation entre la Russie et l’Occident. Incapable d’atteindre ses objectifs, peut-être face à une défaite abjecte, Poutine recouvrira-t-il le sens des réalités et en rabattra-t-il de ses objectifs ? Restera-t-il dans son système et choisira-t-il d’y ajuster la réalité dans la fuite en avant ? On ne peut rien exclure.
  • Préparer les opinions occidentales à un effort long et coûteux. Les guerres sans souffrances n’existent pas. Le prix pour l’Occident sera à la fois économique et budgétaire, psychologique et politique. Poutine et l’Ukraine se livrent un combat existentiel. Notre soutien à l’Ukraine, légitime et moral, fait de nous des co-belligérants aux yeux de Poutine ; celui-ci peut nous faire du mal, il y est déterminé, et d’ailleurs obligé par son système.  Ce prix sera d’une autre nature que les souffrances inouïes du peuple ukrainien. Il sera néanmoins élevé. La réponse qui se profile, un nouveau quoi qu’il en coûte, énergétique celui-là, par lequel le budget de l’Etat prendrait à sa charge le risque de hausse des prix de l’énergie est une entreprise d’anesthésie potentiellement ruineuse ; c’est le contraire d’un signe de fermeté et ce n’est pas soutenable dans la durée. Il faut le dire à l’opinion, conforter sa patience et sa résolution, lui tenir un discours civique, celui de sacrifices que tous devront assumer pour le bien du pays, en espérant que la société française soit encore en état de l’entendre.

1] Poutine se réfère à l’engagement qui aurait été pris oralement par les Américains dans le contexte de la négociation sur l’unité allemande de 1990 de ne pas élargir l’OTAN  à l’avenir. Il n’y a pas eu, semble-t-il, d’engagement explicite de cet ordre à cette époque, où le Pacte de Varsovie existait encore et l’élargissement de l’OTAN n’était envisagé par personne. En revanche, le règlement par traité de l’unité allemande prévoyait que l’infrastructure, les armes nucléaires et les forces stationnées de l’OTAN ne s’étendraient pas au territoire de l’ex-RDA, une façon de signifier que l’Alliance ne prendrait pas avantage du vide laissé par le retrait soviétique. Les Russes peuvent dire, à bon droit, que l’élargissement de l’OTAN n’était pas conforme à l’esprit du règlement de 1990, mais non qu’il a violé un engagement de l’Ouest.

[2] C’était l’appellation de Dimitri Donskoï prince de Moscovie qui fit reculer les Tatars au XIVème siècle

[3] La formule visait aussi la Géorgie. 

[4] Dans ce petit chef d’œuvre qu’est son Court Traité de soviétologie, Hachette, 1976 (une édition numérique est désormais disponible).

[5] L’on pourrait ajouter cette question à l’article d’Alain Bergougnoux comparant Hitler et Poutine, en se souvenant qu’Hitler croyait probablement ce qu’il disait, à savoir que l’Allemagne était attaquée par les juifs et les bolcheviks, et qu’elle ne faisait que se défendre.

[6] On signalera l’intéressant article sur ce sujet de Daniel Zagury dans le JDD du 6 mars.

[7] Le Télégramme de Brest a relaté qu’un deuxième sous-marin nucléaire lanceur d’engins était parti en patrouille ce qui est peu commun. Vraie ou fausse, la nouvelle peut être utile.