Les Français, champions du pessimisme post-Covid edit

16 mars 2021

Ipsos, dans le cadre de ses enquêtes internationales, a réalisé une vaste étude, à l’automne 2020, sur les perspectives post-Covid, dans une trentaine de pays. La France y confirme sa place de nation parmi les plus pessimistes du monde et, sur bien des aspects, la plus pessimiste. Le sujet et le constat ne sont pas neufs. Ils prennent une résonance particulière au sujet des perspectives post-Covid. Certains peuvent voir dans ce pessimisme, toujours teintée de faible confiance et de défaitisme, une forme de rationalité à la française, de cartésianisme inquiet[1]. L’objet de ces lignes n’est pas d’entrer dans une analyse approfondie, simplement de présenter rapidement les résultats les plus saillants.

Ceux-ci, sont par nature, conjoncturels portant sur les années 2020 et 2021. Leur structure donne cependant des indications sur des phénomènes plus profonds et des tendances plus longues, avec, tout particulièrement, un profond contraste France / Chine.

Sur le plan sanitaire, la France était, à l’automne 2020 au dernier rang des pays estimant qu’un vaccin efficace allait être développé. Avec 48% d’opinions en ce sens, le pays était le seul où cette opinion n’était pas majoritaire, derrière la Pologne (53%) ou l’Allemagne (55%), mais extrêmement loi derrière la Malaisie (84%), Israël (84%), et la Chine (92%).

Sur le double plan sanitaire et social, la France campait encore au dernier rang des pays considérant que la vie reviendrait à la normale après les effets de la pandémie. 16% des Français estimaient ce retour à la normale probable, derrière les Britanniques (23%), le Japon (26%), l’Espagne (29%). L’opinion devient majoritaire en Turquie (52%), en Malaisie (61%), en Inde (63%), en Arabie Saoudite (75%). En Chine, en tête du palmarès, 90% des habitants estiment ce retour à la normale probable.

Toujours sur le registre des suites de la crise Covid, les Chinois sont encore en tête, avec 92% d’opinions en ce sens, pour considérer que leur économie nationale s’en sera totalement sortie après les effets de la pandémie. La France (avec 14%) n’est pas dernière du classement, mais avant-avant dernière, tout juste devant la Belgique (11%) et la Grande-Bretagne (11%).

 

Interrogés sur les perspectives 2021, là aussi les Français sont les plus pessimistes du monde. Ils ne sont que 31% à estimer que l’économie globale sera plus forte en 2021 qu’en 2020. Parmi les pessimistes, on trouve des Européens : les Belges (37%), les Espagnols (40%), les Polonais et les Allemands (40%). Parmi les optimistes on trouve, au premier rang, la Chine (86%), suivie de l’Inde (76%).

 

Plus globalement, le pessimisme français se retrouve à plein dans une question globale sur les évolutions du monde liées à la crise Covid. Seuls 9% des Français pensent que le monde aura changé en mieux en raison de la crise Covid, contre 81% qui estiment le contraire. On trouve, dans les rangs des pessimistes, d’abord d’autres pays européens. La Chine (38%) n’est pas aux premiers rangs des optimistes. Ici se repèrent d’abord l’Inde (62%), l’Arabie Saoudite (58%), le Pérou (51%), la Malaisie (50%).

Sur un autre thème classique, celui des inégalités, la France ne penche pas vers le défaitisme. Alors qu’on aurait pu s’y attendre, mais c’est une autre histoire. S’ils sont majoritaires (55%) à penser que les inégalités de revenu vont s’accroître, les Français sont, en réalité, parmi les derniers à estimer probable cette tendance. Aux États-Unis, les répondants ne sont que 48% dans ce cas. Mais ils sont 85% en Turquie, 84% en Israël, 80% en Italie, 77% en Corée du Sud, 76% en Russie.

 

La crise Covid aura bouleversé nombre d’habitudes, notamment en termes de consommation. L’achat en ligne s’est développé, sur tous les segments de produits allant des denrées de première nécessité au luxe. Pour l’avenir, curieusement, les Français sont ceux qui pensent le moins voir changer leurs habitudes. Plus précisément, s’ils voient tous des changements, ils ne sont que 29% à envisager dépenser, à l’avenir, plus en ligne qu’en magasin. Les moins enclins à penser de la sorte sont ensuite les Hongrois (42%) et les Allemands (42%). Dans vingt-cinq pays, les répondants sont majoritaires à mettre en avant l’achat en ligne, avec des taux très élevés en Turquie (84%) ou en Chine (79%).

 

Dernière observation : les Français sont ceux qui pensent le moins que les gens vont devenir plus tolérants. Ils ne sont, à égalité avec la Belgique, que 10% dans ce cas. À l’inverse, les répondants sont majoritaires en Chine (80%), en Malaisie (69%), en Inde (53%).

[1]. Ce rationalisme peut d’ailleurs transparaître à travers une réponse. Les Français, à égalité avec les Israéliens, ne sont que 5% à penser que les extra-terrestres vont visiter la Terre. Or c’est le cas de 27% des habitants en Arabie Saoudite, de 23% des Indiens, de 22% des Chiliens.