• 10 avril 2006

    En économie, peut-on dire n'importe quoi ?

    Le Monde a publié dans son numéro daté du 11 avril un article de Thomas Coutrot et Michel Husson critiquant les évaluations des effets du CNE produites par Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo, ainsi que la réponse de ces derniers. La critique porte sur la méthodologie adoptée pour effectuer le chiffrage - les modèles d'appariement qui décrivent comment employés et employeurs se rencontrent sur le marché du travail - qui est présentée comme « baroque ».

  • 6 avril 2006

    CPE : les conséquences juridiques d'une vraie-fausse promulgation

    La position exposée par le Président de la République dans sa déclaration du 31 mars 2006 pose problème au regard du droit constitutionnel et du droit du travail.

  • 5 avril 2006

    La préférence pour l'immobilisme

    Depuis 20 ans, les jeunes, notamment les étudiants, ont refusé toutes les réformes concernant l'accès aux études supérieures ou au marché du travail : en 1986 la réforme Devaquet (actuel conseiller du Président Chirac) ponctuée par la mort tragique de Malik Oussekine, en 1993 le CIP d'Edouard Balladur, et plus récemment la réforme du baccalauréat prévue par François Fillon et les tentatives timides de Luc Ferry d'accorder plus d'autonomie aux universités : toutes ces réformes et beaucoup d'autres ont suscité l'hostilité des jeunes et ont été finalement abandonnées. Certaines d'entre elles étaient sans doute bonnes, d'autres peut-être mauvaises, mais ce qui frappe c'est la systématicité du refus. Le CPE va s'inscrire, selon toute probabilité, dans cette longue liste des réformes avortées, dans le domaine de l'enseignement et de l'insertion professionnelle.

  • 4 avril 2006

    La mort du CPE reposera-t-elle l'avenir du CNE?

    La mort du CPE reposera-t-elle l'avenir du CNE?

    La décision du Président de la République sur l'avenir du CPE est pour le moins insolite. Tout a été dit sur la bizarrerie d'une solution qui passe par la promulgation d'une loi dont un article ne devra pas être appliqué avant d'être modifié par une nouvelle loi. En outre, ce n'est pas l'exécutif qui établira le nouveau projet, mais, pour aller plus vite, pour contourner le Conseil d'Etat et probablement aussi pour amadouer le président de l'UMP, c'est aux députés de la majorité que le Chef de l'Etat demande directement de déposer une proposition de loi. La Constitution est bonne fille et le " couple exécutif ", comme on dit, montre une belle capacité de contorsion.

  • 31 mars 2006

    Même si le CPE est retiré les syndicats devront bouger...

    Un droit du travail trop strict a tendance à diminuer le taux d'emploi des jeunes et des femmes et augmenter la durée de chômage dans les pays de l'OCDE. Avec un ensemble législatif parmi les plus protecteurs de l'OCDE et un des plus hauts salaires minimaux touchant 15 % des salariés, la France est clairement dans ce cas. A priori, on devrait bien accueillir une réforme comme le CPE (mais aussi le CNE), qui s'attaque à la question du droit des CDI.

  • 31 mars 2006

    Pour savoir si les réformes marchent il faut pouvoir les évaluer

    En France, comme l'a dit en son temps François Mitterrand, on a tout essayé en matière d'emploi. Mais la plupart du temps et faute de consensus les réformes se font à toute petite dose, ou bien à la marge - ce qui est d'ailleurs le cas du CNE. Serait-il possible de tenter plus ou mieux ? Il faudrait, pour cela, avoir la certitude que les réformes vont marcher. Or pour savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas il faut disposer d'instruments d'évaluation. Mais c'est précisément là où le bât blesse en France. Le pays a du mal à évaluer ses réformes et ce pour deux raisons : l'une est culturelle, les ministères ne délèguent pas toujours facilement aux chercheurs le soin d'évaluer ; l'autre est structurelle, le manque d'instruments de mesure.

  • 28 mars 2006

    CPE : un regard italien

    La flexibilité du marché du travail est en France comme en Italie au centre des débats politiques. Le CPE du gouvernement Villepin a suscité des manifestations étudiantes comme on n'en avait pas vu depuis 1968. Dans l'arène politique italienne, le thème s'impose aussi comme l'un des plus marquants à la veille des élections générales prévues début avril. Cette semaine marque aussi le quatrième anniversaire de l'assassinat de Marco Biagi, un universitaire tué par les terroristes pour ses idées et ses essais de réforme du marché du travail italien.

  • 27 mars 2006

    CNE / CPE : un peu trop ou pas assez ?

    Les nouveaux contrats proposés par le gouvernement constituent une véritable révolution. En suspendant les lois qui réglementent le marché du travail, ils résolvent d'une façon radicale le problème d'une doctrine trop rigide sur le licenciement. Pourtant, en s’en tenant aux deux ans de la durée du contrat, ils ne modifient qu’à la marge la flexibilité réelle, tout en renforçant le dualisme inefficace et injuste du marché du travail.

  • 26 mars 2006

    Et si la réforme du code du travail passait par des expérimentations locales

    Comment réformer le marché du travail en France ? La tâche semble impossible au regard de l'ampleur des manifestations contre le CPE, ce qui prouve une fois de plus qu'une majorité à l'Assemblée, au Sénat et un soutien de l'Élysée ne suffisent pas.

  • 20 mars 2006

    De l'ignorance économique

    On peut parfaitement être hostile au CPE. Sur Telos, Bernard Brunhes et Eric Chaney nous ont fourni des éléments convaincants sur ce point. Mais cela ne justifie pas pour autant que l’on dise sur l’emploi à peu près n’importe quoi. C’est pourtant ce que la lecture d’un tract contre le CPE, signé par les sections d'Attac, du PS, du PCF, du 13e arrondissement fait craindre : « A l'opposé du CPE et des choix libéraux du gouvernement, il faut prendre sur les bénéfices des actionnaires pour financer la création massive d'emplois et l'augmentation du pouvoir d'achat (...) S'attaquer réellement au chômage, ce serait par exemple : créer massivement des emplois dans les services publics et la fonction publique (enseignement, hôpitaux), réduire le temps de travail en imposant des embauches correspondantes, redonner du pouvoir d'achat en augmentant les salaires pour tous contre la précarité, faire du CDI la norme. » Comment peut-on oser dire (penser ?) de telles âneries ? Comment peut-on avoir une telle méconnaissance des mécanismes économiques ?

  • 19 mars 2006

    Pourquoi le CPE n'est pas la solution

    Les politiques ont la mémoire courte. Il y a presque exactement treize ans, un gouvernement fraîchement désigné a tenté de changer les règles du salaire minimal pour que les jeunes sans qualification puissent être embauchés à moindre coût. Le « Smic jeunes », comme on l’a vite surnommé, a envoyé des milliers d'étudiants et de lycéens dans la rue, avant d’être retiré par le Premier ministre d’alors, Edouard Balladur. On tourne actuellement à Paris une nouvelle version de ce mauvais film : Dominique de Villepin voit se dresser contre son CPE une nouvelle génération d'étudiants. Le film pourrait bien finir de la même façon.

  • 14 mars 2006

    Pourquoi tant d’intermittents ?

    Aujourd’hui, les activités artistiques sont dotées d’un puissant pouvoir d’attraction, et ne semblent plus réservées aux ambitions de jeunes de banlieue. Une partie des enfants de la moyenne ou grande bourgeoisie aspire à y développer une activité. Les engorgements du système de l’intermittence reflètent à la fois les contradictions culturelles du capitalisme, entre logique productiviste et individualisme hédoniste, et la situation dans la société française faite aux jeunes adultes pour qui, quitte à être « précaire », autant l’être dans un métier créatif.

  • 8 mars 2006

    Et si l'on s'attaquait enfin aux inégalités entre hommes et femmes?

    Et si l'on s'attaquait enfin aux inégalités entre hommes et femmes?

    Chaque année, rituellement, le 8 mars est l'occasion de faire le point sur les inégalités entre hommes et femmes et de faire semblant de s’étonner de leur ampleur, voire de s’en indigner. On referme ensuite soigneusement le dossier pendant les 364 autres jours. Ce faisant, personne n’attaque de front la question centrale de l’emploi des femmes, de sa différence – de degré et de nature – avec celui des hommes, de la perte que constitue l’absence d’emploi, le sous-emploi et les emplois inadéquats à leurs compétences, pour les femmes elles-mêmes, mais aussi pour la société. Développer l’emploi des femmes, en quantité et en qualité, est absolument nécessaire. Cela implique une révolution de notre organisation sociale et de nos modes de travail.

  • 6 mars 2006

    Réformer le code du travail, mais pas sans concertation

    En France, on ne sait pas réformer. Du moins on ne sait plus. Les gouvernants ont beaucoup de mal à imaginer les processus de décision qui permettent de faire évoluer une société. Dans une grande entreprise, lorsque l’on veut opérer une transformation, un virage, un changement, on construit un « projet ». L’Etat ne connaît pas ces règles du jeu. Les objectifs ne sont pas avoués (pour ne pas effaroucher sa propre majorité) ; le ministère du Budget ne consent pas à dégager les crédits nécessaires ; le comité de pilotage n’existe pas ou il n’est qu’un faux semblant : ce sont les cabinets qui, quand ils en ont le temps, font les arbitrages.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : les marchés de la vieille Europe ne sont pas plus ouverts que ceux de la nouvelle Europe

    L’une des raisons majeures qui ont motivé cette directive était que le marché des services, entravé par les règlements nationaux, est beaucoup moins intégré que celui des marchandises, qui était l’objet principal du programme de 1992. Cette justification est-elle corroborée par les données dont nous disposons ?

  • 12 février 2006

    Du bon usage de la Directive Bolkestein

    Dès l’origine, le débat à propos de la Directive Services n’a cessé d’entremêler chicaneries de techniciens et controverses sur les principes. La discussion de fond peut cependant se ramener à trois questions : faut-il ouvrir les marchés des services à la concurrence ? Selon quelles bases organiser la compétition entre prestataires appartenant à des pays de niveaux de développement très distants ? L’unification du droit doit-elle reposer sur le principe du pays d’origine ? Reprenons-les successivement.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : la mort du principe du pays d’origine ?

    Les 14 et 16 février 2006, le Parlement européen votera en première lecture sur la proposition de directive relative au marché intérieur des services (dite « Bolkestein »). Certains éléments de la proposition semblent satisfaire tout le monde (simplification des procédures, guichet unique, droit à l’information, qualité des services, assistance mutuelle, etc.). D’autres cristallisent encore les tensions et les négociations au sein du Parlement européen et avec la Commission. Il en est ainsi du principe dit du pays d’origine (PPO) sur lequel un compromis devrait être dégagé pour en rejeter la formulation mais en conserver l’esprit. Il en est de même du champ d’application du texte au regard des activités de service public. Ces deux points posent en fait une question commune : peut-on vraiment traiter la libre prestation des services comme l’on a traité jusqu’à présent la libre circulation des marchandises ?

  • 8 février 2006

    Contrat de travail unique, problèmes multiples

    Avec le Contrat première embauche qui suit de peu le Contrat nouvelle embauche, on est naturellement conduit à se demander s’il n’y a pas là l’amorce d’un processus d’unification des contrats dans une formule inspirée du CNE-CPE. Une telle perspective est désormais plausible et l’on murmure que le gouvernement explorerait sérieusement cette voie.

  • 31 janvier 2006

    Face aux disparités régionales, la régionalisation des salaires est-elle une solution ?

    Les disparités régionales dans l’Union européenne restent fortes. En comparant un groupe représentatif de 50 régions européennes et les Etats-Unis, les variations en termes de revenu par habitant étaient à la fin des années 1990 deux fois plus fortes chez nous. La combinaison entre rigidité des salaires et faible mobilité de la main-d’œuvre contribue à creuser d’inacceptables inégalités entre les régions ; les décideurs auront à faire des choix, soit en faveur d’une plus grande mobilité de la main-d’œuvre, soit d’une plus grande flexibilité des salaires.

  • 31 janvier 2006

    Peut-on mesurer " froidement " les chiffres du chômage ?

    Les chiffres officiels du chômage cumulent deux propriétés démocratiquement incompatibles. La première est qu'ils sont excessivement imprécis puisque l'écart peut atteindre 10%, soit 200 000 chômeurs, selon l'interprétation retenue pour la notion floue de " recherche active d'un emploi " alors même que les variations mensuelles, abondamment commentées, atteignent rarement le dixième de ce chiffre. La seconde est justement que ces chiffres sont abondamment commentés, comme étant le révélateur du succès ou de l'échec des gouvernants, et donc sont susceptibles de manipulation.