Elie Cohen edit

Economiste, directeur de recherche au CNRS Site personnel de l'auteur Écrivez à Elie Cohen
  • 15 février 2007

    Royal : demandez le programme !

    Royal : demandez le programme !

    Ségolène Royal avait placé la barre très haut. Après un long silence troublé par quelques déclarations approximatives, elle devait délivrer un programme articulé et exhaustif, fidèle aux orientations du PS, inspiré des débats participatifs. Autant dire une mission impossible, tant les contradictions entre ces trois orientations étaient manifestes. Pourtant, à en croire les commentateurs, elle a franchi cette redoutable épreuve avec compétence, émotion et autorité. Ségolène Royal aurait-elle gagné en un discours cette « capacité présidentielle » qui semblait lui faire défaut ? Pour en juger, il faut s'interroger sur le programme, sa réception, et son éventuelle mise en œuvre.

  • 12 septembre 2006

    Suez-GDF : politique politicienne contre politique publique

    Il faut écouter les voix qui s'expriment au Parlement, et notamment celle d'élus de l'UMP réputés proches de Nicolas Sarkozy. Ils ont joué un rôle décisif dans la loi débattue ces jours-ci. Ils sont les acteurs d'une formidable régression politique dont il faut craindre dans l’avenir des retombées délétères sur l'intégration européenne, la politique économique et la réforme de l'Etat. Alors qu'au nom des exigences d’investissement nées du nouveau contexte énergétique il était possible de lever la règle des 70% de propriété publique qui limite les mouvements stratégiques de GDF, le gouvernement a choisi une voie autrement plus risquée. Il a élaboré un projet de loi qui mêle transposition de la dernière directive européenne de libéralisation du marché de l'énergie, privatisation de GDF, fusion avec Suez, régulation des prix de l’énergie, missions de service public, et il a enrobé le tout de considérations fumeuses sur le « patriotisme économique ».

  • 29 juin 2006

    EADS, cloué au sol

    Qu'on ne s'y trompe pas, la crise actuelle n'est pas pour l'essentiel une crise industrielle. Les retards, les dépassements, les ajustements… sont le lot commun des nouveaux programmes dans l’aéronautique. Du reste Boeing en connaît en ce moment avec son « Dreamliner » : l'usage massif de composites dans la structure et de dispositifs électroniques innovants créent des problèmes de coût et de délais. Cette crise n'illustre pas davantage la cupidité devenue commune de nombre de dirigeants du Cac 40. Après tout, le délit d’initié n'a jamais tué un groupe industriel et le problème sera vite oublié quand M. Forgeard aura démissionné. Ce n'est pas enfin une crise de l'intégration européenne. L'aventure Airbus a toujours été pour l'essentiel franco-allemande et intergouvernementale. Autant il était abusif de faire d’EADS l'étendard des politiques communautaires, autant il est injuste de faire de l'Europe un bouc émissaire. La crise est bien plus sérieuse, elle trouve sa source dans les conditions mêmes qui ont présidé à la naissance d'EADS. Elle est le résultat d’une combinaison, vouée à l’échec dès l’origine, de volontarisme politique en industrie, de bricolage actionnarial et d’interventionnisme présidentiel.

  • 28 février 2006

    Suez-GDF : une guerre civile européenne ?

    Nous sommes en août 14, vient de déclarer M. Tremonti : l’affaire Enel-Suez serait le prodrome des guerres civiles européennes. Cette phrase terrible est elle-même la réponse à une image marquante, celle d’un Premier ministre français flanqué de deux PDG muets pour annoncer la fusion de deux entreprises énergétiques cotées, en réponse à l’OPA subliminale d’Enel. Commedia dell’arte contre cocorico du coq gaulois, faut-il que l’Europe soit à ce point en crise pour permettre un tel spectacle !