• 12 avril 2006

    Un euro fort ne favorise pas les réformes

    La récente appréciation de l'euro vis-à-vis du dollar résulte d'un double changement de 'rating' sur les marchés des changes : pessimisme accru quant aux perspectives à court terme de l'économie américaine, et optimisme renforcé quant à la croissance européenne à moyen terme. Cela soulève deux questions. L'une conjoncturelle : l'euro continuera-t-il à être la seule variable d'ajustement face à la dépréciation cyclique du dollar ? L'autre structurelle : un euro fort est-il un moyen de pression efficace pour les réformes de fond dont l'Europe a tant besoin ?

  • 8 avril 2006

    Pour les marchés financiers l'Europe n'est plus un espace pertinent

    Nombreux étaient ceux qui pensaient que l'introduction de l'euro avait sonné le glas des marchés nationaux en Europe, et obligerait à organiser les structures du marché des capitaux à l'échelle du continent. Mais l'offre du Nasdaq sur le London Stock Exchange nous ramène à une nouvelle réalité : celle d'un marché financier qui a déjà dépassé l'étape européenne pour devenir résolument transatlantique. Le retrait de la proposition américaine le 30 mars n'y change rien : l'important, c'est qu'une telle offre est devenue tout à fait envisageable.

  • 5 avril 2006

    Italie: une grenouille dans l'eau froide

    Italie: une grenouille dans l'eau froide

    En 15 ans, la part de l'Italie dans les exportations mondiales a perdu un point, passant de 4 à 3%. Depuis le début de l'union monétaire, le volume des exportations italiennes est resté pratiquement plat, alors qu'il augmentait de 25% en Allemagne, de 20% en Espagne et de 10% en France. C'est le résultat d'une compétitivité qui se dégrade rapidement, un problème sérieux pour un pays où, comme en Allemagne, les exportations ont traditionnellement été le principal moteur de la croissance. En 2005, après avoir atteint une moyenne de 1% pendant les quatre dernières années, la croissance est restée au point mort.

  • 3 avril 2006

    L'Europe a besoin d'un accès libre aux pipelines russes

    La Russie a choisi de faire de la sécurité énergétique le thème dominant du sommet du G-8 qui aura lieu mi-juin à Saint-Pétersbourg. C'est un bon choix. La demande mondiale de pétrole s'élève désormais à presque 85 millions de barils par jour. Les pessimistes soutiennent que la production pétrolière mondiale est à son pic, alors que les optimistes suggèrent qu'en 2020 elle peut atteindre 105 millions de barils ; mais cela ne fait pas grande différence.

  • 22 mars 2006

    Les dessous du patriotisme économique

    Les hommes politiques européens ne sont pas toujours cohérents. Ils passent leur temps à rivaliser pour attirer les capitaux étrangers. Et puis, de temps à autre, ils luttent activement contre ces mêmes capitaux. Les événements récents ont donné une nouvelle illustration de ce phénomène, avec un gouvernement français qui essaie d'empêcher une grande entreprise de passer entre des mains étrangères, tout en expliquant que la France n'est pas protectionniste, puisqu'elle reçoit beaucoup d'investissements directs. Ce n'est d'ailleurs qu'un exemple, car beaucoup d'autres Etats se comportent de la même façon. Comment juger ce comportement apparemment incohérent ?

  • 20 mars 2006

    A l'OMC l'Europe peut encore (un peu) bouger...

    L'agriculture reste un obstacle à la conclusion d'un accord multilatéral sur le commerce dans le cadre du cycle de Doha. Les positions se sont beaucoup rapprochées en un an, mais il est politiquement très difficile pour les pays membres de réduire les derniers écarts. A ce stade, chaque concession unilatérale semble immédiatement intégrée par les autres membres, et les compteurs de la négociation remis à zéro. Cela encourage à ne se découvrir qu'en dernier, au risque d'un échec collectif. L'Union Européenne ayant mis sur la table une offre plutôt ambitieuse dès octobre 2005, la partie est aujourd'hui difficile pour le négociateur européen Peter Mandelson.

  • 10 mars 2006

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    L'Allemagne est désormais sur la bonne voie. Les réformes de l'administration Schröeder ont marqué une rupture dans la politique économique et celle dans la politique de l’emploi. Les clés de cette ambitieuse politique de l’emploi se trouvent dans la nature préventive des programmes, leur évaluation permanente, une attention nouvelle portée au placement des chômeurs, des contacts plus étroits avec les entreprises, un système d’incitations plus efficace et l’arrêt des programmes qui ne marchaient pas. Non moins décisive fut la décision de conditionner indemnités de chômage et prestations sociales à l’exigence de reprendre un emploi quand l’occasion s’en présente. Ce processus a été accompagné par des baisses d’impôts substantielles, une nouvelle loi sur l’immigration, un allongement des heures d'ouverture des magasins, une réglementation plus libérale de l’artisanat et le retour de la notation négative des élites académiques.

  • 7 mars 2006

    OPA : le protectionnisme franchira-t-il la barrière des espèces ?

    Il y a des raisons objectives aux réactions que soulève la vague d’OPA transfrontalières en Europe. D’abord, ce n’est que récemment que l’union monétaire a commencé à produire ses effets sur la réallocation du capital. Ensuite, la rhétorique du patriotisme économique étonne moins lorsqu’on sait que la France est plus ouverte aux investissements directs étrangers (IDE) que ses voisins, y compris la Grande-Bretagne. Enfin la frustration des italiens se comprend lorsqu’on sait que l’Italie est en queue de peloton pour les investissements hors de ses frontières. Au demeurant, l’affaire Suez n’a pas que des aspects négatifs. Sans l’initiative d’ENEL, Gaz de France serait restée majoritairement aux mains de l’Etat et EDF aurait pu continuer à regarder la concurrence sur le marché intérieur avec condescendance. Néanmoins, nous craignons que les politiques ne jouent dangereusement avec le feu. Giulio Tremonti, le ministre des finances italien, a été jusqu'à évoquer 1914, ce qui comportait un peu d’emphase électorale mais n’était pas faux sur le fond. Plutôt qu'à 1914, nous pensons à 1930 et au Smoot-Hawley Tariff Act de triste mémoire. Examinons tout cela.

  • 3 mars 2006

    Sale temps pour la nouvelle Europe

    Les nouveaux membres de l’UE ont vocation à adopter l’euro dès que possible. La définition du mot « possible » est claire : comme les pays de la vieille Europe, ils doivent satisfaire aux critères de convergence de Maastricht. Or la Commission a récemment publié son évaluation de la situation. Un seul pays, la Slovénie, peut envisager d’adopter l’euro en 2007, la date la plus rapprochée prévue. Recalées l’Estonie et la Lituanie qui ont adopté l’euro de facto depuis plusieurs années. Recalés tous les autres pays qui, pourtant, souhaitaient devenir des membres à part entière de l’Union.

  • 28 février 2006

    Suez-GDF : une guerre civile européenne ?

    Nous sommes en août 14, vient de déclarer M. Tremonti : l’affaire Enel-Suez serait le prodrome des guerres civiles européennes. Cette phrase terrible est elle-même la réponse à une image marquante, celle d’un Premier ministre français flanqué de deux PDG muets pour annoncer la fusion de deux entreprises énergétiques cotées, en réponse à l’OPA subliminale d’Enel. Commedia dell’arte contre cocorico du coq gaulois, faut-il que l’Europe soit à ce point en crise pour permettre un tel spectacle !

  • 20 février 2006

    L’OMC, l’Europe et les OGM

    La question des OGM jugée en ce moment à l’Organisation mondiale du commerce oppose les Etats-Unis, le Canada et l’Argentine (les plaignants) à l'Union Européenne (le défenseur). Le 6 février 2006, le panel OMC a communiqué aux parties ses conclusions préliminaires ; celles-ci ne modifieront pas le cadre juridique dans lequel l’Union Européenne prend des décisions sur les OGM. Les commentaires suggérant le contraire se sont tout simplement trompés.

  • 19 février 2006

    Mondialisation : pourquoi l’Europe perd du terrain

    Insuffisamment attractive pour les entreprises étrangères, l’Europe ne parvient pas à faire glisser ses activités traditionnelles vers les nouveaux secteurs dans lesquels elle devrait avoir un avantage comparatif. Mais en partant de l’analyse de ses handicaps, on peut convertir la menace en opportunité.

  • 14 février 2006

    Laisse passer Trichet, je laisserai passer Stark

    Juergen Stark vient d’être nommé au conseil d’administration de la Banque centrale européenne (BCE), en remplacement de son compatriote Otmar Issing, qui termine son mandat de huit ans, non renouvelable. Avec lui, tous les six membres initialement nommés quand la BCE a été créée auront été remplacés. Et les grands pays (Allemagne, Espagne, France et Italie) ont réussi le coup de se réserver chacun un des quatre sièges. Comme tous les autres anciens et nouveaux membres du Conseil d’administration, Stark vient de la haute administration économique (ministères des Finances ou banques centrales, parfois les deux). Cela garantit un conseil homogène, sans opinions divergentes. La machine va pouvoir ronronner à l’abri de toute influence pernicieuse sur son mode de pensée et surtout sans débat interne sur sa compréhension de ce qu’est, ou doit être, la politique monétaire.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : les marchés de la vieille Europe ne sont pas plus ouverts que ceux de la nouvelle Europe

    L’une des raisons majeures qui ont motivé cette directive était que le marché des services, entravé par les règlements nationaux, est beaucoup moins intégré que celui des marchandises, qui était l’objet principal du programme de 1992. Cette justification est-elle corroborée par les données dont nous disposons ?

  • 12 février 2006

    Du bon usage de la Directive Bolkestein

    Dès l’origine, le débat à propos de la Directive Services n’a cessé d’entremêler chicaneries de techniciens et controverses sur les principes. La discussion de fond peut cependant se ramener à trois questions : faut-il ouvrir les marchés des services à la concurrence ? Selon quelles bases organiser la compétition entre prestataires appartenant à des pays de niveaux de développement très distants ? L’unification du droit doit-elle reposer sur le principe du pays d’origine ? Reprenons-les successivement.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : la mort du principe du pays d’origine ?

    Les 14 et 16 février 2006, le Parlement européen votera en première lecture sur la proposition de directive relative au marché intérieur des services (dite « Bolkestein »). Certains éléments de la proposition semblent satisfaire tout le monde (simplification des procédures, guichet unique, droit à l’information, qualité des services, assistance mutuelle, etc.). D’autres cristallisent encore les tensions et les négociations au sein du Parlement européen et avec la Commission. Il en est ainsi du principe dit du pays d’origine (PPO) sur lequel un compromis devrait être dégagé pour en rejeter la formulation mais en conserver l’esprit. Il en est de même du champ d’application du texte au regard des activités de service public. Ces deux points posent en fait une question commune : peut-on vraiment traiter la libre prestation des services comme l’on a traité jusqu’à présent la libre circulation des marchandises ?

  • 12 février 2006

    Bolkestein : le grand fiasco de la Commission

    La Directive Bolkestein représente un effort de la Commission pour ouvrir les services à la concurrence afin de doper richesse et emploi en Europe. Paradoxalement, la Directive Services, qui en toute bonne logique eût dû être combattue par la droite corporatiste anti-libérale et les lobbies des professions réglementées, a été attaquée par la gauche et les syndicats de travailleurs, alors que ces derniers étaient peu ou pas concernés en tant que travailleurs et étaient bénéficiaires en tant que consommateurs! Les oppositions à la directive n’expliquent cependant pas tout. Dans cette affaire la Commission a commis de graves erreurs qui expliquent son échec.

  • 24 janvier 2006

    La compétitivité et le farniente

    Les sportifs de haut niveau raccrochent parfois avant d'y être contraints par l'âge, lorsqu'ils éprouvent le besoin de vivre une vie normale en famille, de voir grandir leurs enfants. Il y a peut-être là une leçon de sagesse pour la sphère économique où règne encore une vision très productiviste de la performance. Il est essentiel pour une entreprise d'être compétitive, certes. Mais poser la question à propos d'un pays, c'est se tromper de registre. Les entreprises produisent. Les individus et les nations vivent.

  • 9 janvier 2006

    BCE : la complainte des gouvernements

    Jeudi prochain, la Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer qu'elle laisse ses taux d'intérêt inchangés. Après les avoir gardés constants depuis juin 2003, elle les a augmentés d'un quart de point en décembre dernier. Pourquoi les augmenter en décembre et pas en janvier ? Sa décision de décembre avait été saluée par une volée de bois vert. De nombreux ministres, dont Jean-Claude Juncker, le ministre des Finances luxembourgeois qui exerce la fonction de président de l'Eurogroupe, avaient alors accusé la BCE de prendre le risque de faire avorter la reprise économique qui s'annonce timidement. Pourquoi tant de malentendus ?

  • 21 décembre 2005

    L'affaire Fazio ou l'exception (bancaire) italienne

    Au terme de plusieurs mois de combats sombres et de révélations nauséabondes, le gouverneur de la Banque d'Italie a démissionné. La justice se prononcera un jour. La police italienne enquête et la Commission Européenne saisit la Cour Européenne de Justice. Il est bien trop tôt pour savoir exactement ce qui s'est passé et pour condamner Antonio Fazio. Il se peut qu'il se défend parce qu'il n'a rien fait de répréhensible, tout comme il se peut qu'il ne cherche qu'à repousser l'instant du jugement. Mais l'accumulation de révélations l'ont paralysé et, en attendant, son refus, pendant des mois, de démissionner pose la question de l'indépendance des banques centrales.