• 15 juin 2011

    Les impasses du patriotisme aéronautique

    Les impasses du patriotisme aéronautique

    144 députés de gauche, de droite et du centre ont signé une lettre-pétition adressée au directeur général d’Air-France KLM pour qu’il fasse preuve de « patriotisme économique » en achetant des Airbus A350 et non des Boeing 787. Cette initiative est particulièrement mal inspirée. Elle risque d’antagoniser les dirigeants français et néerlandais d’un groupe privé indépendant, AF-KLM. Elle risque de susciter des mesures de rétorsion sur le premier marché d’Airbus, les États-Unis. Elle méconnaît la logique des ensembliers américains ou européens qui externalisent plus de 50% de la valeur d’un avion. Elle provoque un affrontement euro-américain dont EADS, groupe aéronautique civil, sortira affaibli face à Boeing, groupe essentiellement militaire.

  • 10 mai 2011

    OMC : Obama veut-il un accord ?

    OMC : Obama veut-il un accord ?

    L’Administration Obama s’apprête à se laisser mettre dans une position intenable sur la question du commerce international. Le 29 avril 2011 a eu lieu une réunion du comité de pilotage du Cycle de Doha, qui confirme ce qu’on pouvait pressentir. Obama estime qu’il ne peut gagner la bataille politique interne contre les protectionnistes américains sans l’appui des exportateurs. Or leur soutien exigerait des concessions plus importantes de part de la Chine, de l’Inde et du Brésil. Comme les grands émergents refusent d’aller plus loin en matière de réductions tarifaires, les négociations sont dans l’impasse. Tout indique que les États-Unis font pression pour une suspension du Cycle. L’Administration Obama semble vouloir éviter d’avoir à trouver un compromis avant 2012. Mais cette stratégie ne considère pas toutes les données du problème.

  • 4 mai 2011

    Ukraine: un accord de libre-échange, mais avec qui ?

    Ukraine: un accord de libre-échange, mais avec qui ?

    Depuis plusieurs années, l’Ukraine a semblé se diriger vers la conclusion d’un accord de libre-échange approfondi avec l’Union européenne. Les autorités ukrainiennes devaient lentement mais sûrement adopter l’acquis communautaire afin de pouvoir espérer profiter des potentialités offertes par la proximité du plus grand marché intérieur au monde. Or, la proposition concrète faite par Vladimir Poutine de rejoindre l’Union douanière avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan paraît être une tentative de contester ce bel ordonnancement.

  • 27 avril 2011

    Commerce et environnement : que faire ?

    Commerce et environnement : que faire ?

    L’adoption du programme 2012 du Parti socialiste a remis au goût du jour la question d’un nouveau protectionnisme européen : l’Europe devrait se doter de mesures pour éviter que ses entreprises soient pénalisées par des importations plus compétitives du simple fait qu’elles ne respectent pas les normes environnementales européennes. Si le diagnostic est simple, la mécanique juridique permettant d’atteindre cet objectif est moins évidente.

  • 22 février 2011

    G20 : la Chine acteur pivot

    G20 : la Chine acteur pivot

    Le G20 a du mal à s’affirmer comme instance politique capable de résoudre énergiquement les risques systémiques, notamment financiers, et déçoit donc ceux qui en espéraient le plus. En même temps, force est de constater que le G20 ministériel de samedi dernier à Paris a réussi là où Séoul avait échoué : l’élaboration d’indicateurs communs pour le suivi des déséquilibres économiques internationaux, notamment en séparant les composantes du compte courant et en évitant le suivi direct des réserves de change. Cette petite victoire est essentielle. Elle désamorce la tension sino-américaine autour du renminbi et permet d’ouvrir le jeu aux autres sujets essentiels du G20 en 2011 : gestion des risques systémiques financiers et agricoles, revue du système monétaire international, et normes sur les contrôles de capitaux. Cette situation met la Chine en situation de pivot, alors même que les Chinois sont des acteurs totalement nouveaux sur la scène de l’économie mondiale et qu’ils n’appartenaient pas au G8.

  • 16 février 2011

    Guerre des monnaies : petits et gros mensonges

    Guerre des monnaies : petits et gros mensonges

    Le taux de change chinois suscite toutes sortes de vaticinations, y compris chez des économistes fort respectables. Les détracteurs de la Chine, qui du haut de leur modeste taux de croissance donnent des leçons à ceux qui ont accompli le plus grand miracle économique ayant jamais eu lieu sans appropriation de terres ou de main-d’œuvre étrangères, aiment évoquer les déséquilibres de compte courant. Une meilleure mesure de la compétitivité serait la balance commerciale, car il y a dans le compte courant des flux spéculatifs qui contournent les restrictions de change, et qui ont explosé depuis que les détracteurs de la Chine ont fait naître le mythe de la hausse inéluctable du renminbi. L’excédent commercial chinois annuel avec le reste du monde était de 184,5 milliards de dollars à la fin de 2010, soit 3,6% du PIB. Or plus de dix grandes économies ont un excédent commercial dépassant ce chiffre d’au moins un point. Une comparaison avec l’Allemagne est éclairante : ce pays pourtant pauvre en ressources naturelles présente le premier excédent commercial du monde : 205,4 milliards de dollars, soit 6,0% de son PIB.

  • 13 février 2011

    Compétitivité : pourquoi la France a un problème

    Compétitivité : pourquoi la France a un problème

    La compétitivité fait retour dans le débat public. La dégradation continue du commerce extérieur français, la nécessité de corriger les déséquilibres intra-européens et la volonté politique d’une convergence franco-allemande y contribuent. Une étude récente de COE-Rexecode vient nourrir ce débat en présentant un bilan exhaustif des données sur le décrochage français et en faisant du passage aux 35 heures en 1998 le principal facteur explicatif. Cette explication est-elle à elle seule convaincante ? Rien n’est moins sûr.

  • 2 février 2011

    Énergie : le retour de Nabucco

    Énergie : le retour de Nabucco

    Depuis son lancement en 2002, le projet de gazoduc Nabucco a eu plusieurs vies. À de nombreuses reprises il a été donné comme mort mais il a finalement su renaître de ses cendres. Même lorsqu’il devint projet prioritaire européen, Nabucco avança peu et recula beaucoup, suscitant les moqueries à peine masquées de Vladimir Poutine, alors président de la Russie et principal promoteur de South Stream, le projet concurrent. Ce schéma dépeint bien la situation de Nabucco avant la crise. Cette dernière a apporté un bol d’air nouveau pour le projet européen qui a su l’utiliser à bon escient. Les derniers développements en Azerbaïdjan et au Turkménistan le montrent bien, car Nabucco est en train de résoudre son principal problème, le manque de sources d’approvisionnement.

  • 19 novembre 2010

    L’échec annoncé de la Présidence française du G20

    L’échec annoncé de la Présidence française du G20

    La réforme des retraites engrangée et le nouveau gouvernement en place, Nicolas Sarkozy va pouvoir élargir son horizon et déployer son énergie proverbiale à réformer le monde. Ce ne sont pas les ambitions qui lui manquent. Il a l’intention de reconstruire le système financier mondial, de réaliser un monde multipolaire, et de remettre à leur place les spéculateurs, sans compter les incendies qu’il devra éteindre, en partenariat ou concurrence avec DSK, si la crise économique et financière qui couve se déclare à nouveau. Et pourtant, il va droit à l’échec, parce qu’il n’a pas pris le soin de comprendre comment fonctionne le système monétaire international ni même à quoi sert la finance.

  • 17 novembre 2010

    G20 : le mistigri est passé à la France

    G20 : le mistigri est passé à la France

    Après un an d’échanges intenses et un sommet d’étape à Toronto en juin 2010, les chefs d’État et de gouvernement du G20 devaient se retrouver à Séoul en novembre 2010 pour sceller une sorte de pacte d’équilibre fondé sur des engagements nationaux solidement identifiés et quantifiés. Or si des engagements ont effectivement été pris en matière de politiques nationales, leur formulation assez vague ne permet pas d’évaluer véritablement la contribution de chaque pays à la croissance mondiale ni à la réduction des déséquilibres dans les années à venir. Comment mieux faire ?

  • 9 novembre 2010

    G20 : le casse-tête des soldes extérieurs

    G20 : le casse-tête des soldes extérieurs

    À l’approche du sommet de Séoul, le Secrétaire américain au Trésor Tim Geithner a récemment proposé que les pays du G20 « mettent en œuvre des politiques en accord avec la réduction des déséquilibres externes en-dessous d'un certain pourcentage du PIB » (il envisageait 4%). Les pays qui enregistrent des déficits persistants devraient stimuler l'épargne, et les pays en excédent persistant « stimuler les sources internes de croissance et soutenir la demande mondiale ». Le Fonds monétaire international serait chargé d'évaluer les efforts, de suivre les progrès en direction des objectifs fixés, et de vérifier la cohérence de l'ensemble.

  • 5 octobre 2010

    La guerre des devises aura-t-elle lieu ?

    La guerre des devises aura-t-elle lieu ?

    La « guerre des devises » évoquée par le ministre des Finances brésilien présente des dangers énormes pour le commerce mondial et les systèmes financiers. Peut-on l’éviter ? Oui, si les États-Unis, le Japon et l’Union européenne s'engagent ensemble dans une politique d’assouplissement quantitatif, de façon à ce que chacune des trois grandes économies puisse exporter davantage vers les autres. Pour les marchés émergents, le risque réside dans l'inflation, la formation de bulles, et la tentation de prendre des mesures de rétorsion. Pour protéger leurs secteurs clés, ils devraient encourager la demande intérieure de produits manufacturés.

  • 21 septembre 2010

    Commerce ou environnement, il faut choisir ?

    Commerce ou environnement, il faut choisir ?

    Est-il vraiment dans l’intérêt de l’Europe de provoquer une guerre commerciale sur le changement climatique ? Certains le pensent : Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont récemment proposé aux autres dirigeants européens d’imposer des tarifs aux pays qui ne vont pas aussi loin que l'UE dans la réduction de leurs émissions. Mais c’est une politique à courte vue. Si elle était mise en œuvre, non seulement elle nuirait à une économie européenne très dépendante de ses importations de biens intermédiaires, mais elle limiterait sa capacité à réduire efficacement et à coût raisonnable ses émissions de CO2.

  • 1 juillet 2010

    Pourquoi la dette américaine est-elle volatile ?

    Pourquoi la dette américaine est-elle volatile ?

    Les Etats-Unis ont emprunté 6500 milliards de dollars au reste du monde depuis le début des années 1990, dont 4500 milliards sur les seules huit dernières années. Pourtant, emprunter ne conduit pas forcément à s’endetter.

  • 28 juin 2010

    Le feuilleton de la monnaie chinoise

    Le feuilleton de la monnaie chinoise

    La Chine est-elle sur le point d’assouplir sa politique de change ? Depuis l’été 2008, la banque centrale chinoise a maintenu la valeur du yuan par rapport au dollar américain. Cela lui a valu de vertes critiques allant crescendo de la part du Congrès américain et de plusieurs économistes.

  • 17 juin 2010

    L’Europe déclassée ?

    L’Europe déclassée ?

    Qui se souvient qu’en 2007, sur une initiative française, un groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe a été mis en place ? Présidé par Felipe González, le « groupe des sages » a rendu son rapport au Conseil européen du 17 juin. On comprend que les priorités du moment invitent plus à chercher des parades aux attaques des marchés qu’à envisager le futur lointain de l’Union. Mais cette réflexion à un horizon de vingt ans est capitale à plus d’un titre. D’abord parce que le soulagement qui a pu accompagner l’adoption du Traité de Lisbonne pose la question de l’après-Lisbonne : quel est le nouvel horizon que l’Europe se donne à moyen terme ?

  • 16 avril 2010

    La Chine a-t-elle manipulé sa monnaie ?

    La Chine a-t-elle manipulé sa monnaie ?

    Faire porter aux étrangers la responsabilité de nos problèmes est malheureusement une règle cardinale en politique, et même les plus ardents internationalistes y souscrivent. Après sept ans d'une frénésie de consommation aux États-Unis, attestée par un taux négatif d’épargne des ménages, un effet de levier excessif, des niveaux d’emploi historiquement élevés et des déficits extérieurs record, les commentateurs de la plus grand économie du monde ne veulent pas admettre ce que tous les modèle macroéconomiques indiquent pourtant de façon flagrante – que les politiques fiscales et monétaires des États-Unis étaient trop accommodantes.

  • 12 mars 2010

    Qui profite de la baisse de l'euro ?

    Qui profite de la baisse de l'euro ?

    L’euro est passé de 1,51 dollar le 25 novembre 2009 à 1,35 dollar le 23 février dernier, soit une dépréciation de 10%. Faut-il s’en réjouir ? Pas si sûr. La sortie de crise récente a montré que les mouvements de change pouvaient être pénalisants pour la zone euro. Alors que les moteurs asiatiques ont rapidement soutenu la demande mondiale début 2009, ils ont peu bénéficié à la zone euro, peut-être en partie parce que sur la même période la zone euro souffrait des effets de la dépréciation du dollar vis-à-vis de l’euro (le dollar s’est déprécié de près de 20% entre l’automne 2008 et la fin 2009). Si cela est vrai, à l’inverse, la dépréciation du dollar vis-à-vis de l’euro devrait donc être bénéfique pour les échanges de la zone euro. 

  • 9 février 2010

    Russie, Chine et UE à la conquête du gaz turkmène

    Russie, Chine et UE à la conquête du gaz turkmène

    Soyons clairs. Si le Turkménistan n’avait pas de gaz personne ne s’y intéresserait. Mais précisément parce qu’il en recèle beaucoup, il fait l’objet de convoitises de la part de trois acteurs majeurs : la Russie, l'Europe et la Chine.

  • 31 janvier 2010

    Les effets inattendus de la contrefaçon

    Les effets inattendus de la contrefaçon

    La contrefaçon a mauvaise presse : travail volé, marques pillées, insécurité sur les produits, notamment pharmaceutiques… La perte d’emploi pour l’économie française notamment est importante, et ce au profit des pirates, le plus souvent venus de Chine. Mais les choses sont-elles aussi simples ? N’y aurait-il pas aussi des effets bénéfiques de la contrefaçon ?