• 11 février 2011

    Qui choisir pour diriger un journal ?

    Qui choisir pour diriger un journal ?

    Le salut de la presse viendra-t-il du renouvellement de ses dirigeants ? Les observateurs s’interrogent. Le Monde a choisi la formule « fleuve tranquille » : Erik Izraelewicz, vieux routier du journalisme écrit, est un ancien de la maison. Son projet s’inscrit dans le droit fil de ce qui se dit sur ce « qu’il faudrait faire » depuis des années : souder davantage la rédaction du papier avec celle du Net, densifier le contenu du quotidien, étoffer l’offre du week-end. Une innovation pourtant : une parution le matin (peut-être)… une incertitude supplémentaire pour l’économie de l’imprimerie du Monde, toujours en suspens. Libération a choisi l’homme qui venait de la radio : Nicolas Demorand a peu d’expérience de la presse écrite, il est un interviewer incisif – ce qui n’est pas la qualité première que l’on demande à un patron de presse – mais, jovial et optimiste, il entend incarner une gauche disposée à se « ré-enchanter ». Deux profils tranchés. L’option sans risque ou celle qui décoiffe.

  • 16 janvier 2011

    La presse écrite plongera-t-elle dans le tout numérique ?

    La presse écrite plongera-t-elle dans le tout numérique ?

    La disparition de la presse écrite est-elle inéluctable ? Peut-être. Mais ses difficultés découlent davantage de l’avènement du numérique que d’une forme de désintérêt social pour l’information.

  • 26 décembre 2010

    Cinéma indien: la revanche sur Slumdog

    Cinéma indien: la revanche sur Slumdog

    Les milieux du cinéma indien s’étaient montrés fort réservés à l’égard du film Slumdog millionnaire. Amitabh Bachchan, « dieu vivant » du cinéma indien, s'était étonné qu’un réalisateur occidental puisse obtenir un tel succès, huit oscars tout de même, en filmant sous un jour peu reluisant la pauvreté de son pays. Si le film sur le bidonville de Dharavi avait été réalisé par un metteur en scène indien, « ce ne se serait peut-être pas produit », écrivait-il, pour ensuite se rétracter lors la nomination à Hollywood. De fait, les cinéastes indiens ont reproché à Danny Boyle son peu de respect pour la complexité indienne, sa complaisance dans la peinture de la misère, et son ignorance : faire parler en anglais un gamin des rues, quelle incongruité !

  • 26 novembre 2010

    Vivre sans vies ?

    Vivre sans vies ?

    Un flux constant d’événements et de situations traverse l’espace de nos existences. Même si le mouvement et le changement perpétuels sont intrinsèques à la modernité, l’irruption des technologies numériques au cœur de notre quotidien nous a fait franchir une nouvelle étape. La stabilité, la pertinence et la cohérence qui, même ténues, persistaient dans la vie moderne sont structurellement atteintes par les artefacts informationnels. Nous vivons un présent augmenté et fragmenté. Mais les liens aux trajectoires de vie s’affaiblissent, se brouillent et dans certains cas se brisent.

  • 20 juillet 2010

    Téléréalité ou téléméfaits

    Téléréalité ou téléméfaits

    Depuis bientôt 10 ans, voire 20 si l'on intègre la vague de télévérité des années 1990, le genre de la téléréalité envahit l’espace télévisé. Le frôlement des limites semble guider un genre que l’on peut regarder au premier degré, mais qui se consomme surtout au second. Qui pourrait l’arrêter ?

  • 12 juillet 2010

    Rémy Pflimlin : le CSA l’aurait nommé !

    Rémy Pflimlin : le CSA l’aurait nommé !

    Le 8 janvier 2008, on applaudissait Nicolas Sarkozy. Créer une BBC à la française, la gauche en avait rêvé, la droite l’avait fait. Bravo l’artiste. Deux ans plus tard, le flamboyant scénario s’est transformé en un feuilleton qui vient de prendre fin avec la nomination de Rémy Pflimlin à la tête de France-Télévisions. Ouf !

  • 4 juillet 2010

    Y a-t-il un vote Pirate ?

    Y a-t-il un vote Pirate ?

    On connaissait le vote de gauche, de droite, du centre, le vote vert et le vote blanc. Il nous faudra peut-être commencer à nous intéresser au vote pirate. En effet, le 4 juillet, le Parti pirate présentera un candidat à la législative partielle des Yvelines.

  • 26 avril 2010

    Médias : les parents sont-ils démissionnaires ?

    Médias : les parents sont-ils démissionnaires ?

    Les parents accordent beaucoup d'importance aux médias. Quel que soit leur milieu social, ils redoutent : la violence médiatique à un niveau très élevé (90%) et son imprégnation sur les comportements des enfants, la vulgarité des contenus (73%), qui déteint dans leur langage, et la représentation crue de la sexualité (58%). Certes leurs inquiétudes ne semblent pas toujours rationnelles : alors qu’ils redoutent que les médias n’incitent les enfants à leur demander des achats inutiles, peu se plaignent d’une pression commerciale excessive (20%).

  • 21 avril 2010

    Internet ou l’économie amnésique

    Internet ou l’économie amnésique

    En 2000 Jeremy Rifkin publiait L’Âge de l’accès, qui décrivait le monde encore neuf de l’économie numérique. Dix ans après où en sommes-nous ? Une forme d’amnésie économique s’est imposée, fondée sur l’illusion que seul le service mérite d’être rémunéré, les biens culturels émanant d’une autre galaxie dont on aurait perdu la trace. La valeur de la connexion semble l’emporter sur celle du contenu consommé. L’interpénétration de la communication interpersonnelle et de la communication publique, l’articulation des productions amateurs et de celles labellisées par un éditeur, ce cocktail délicieux fait oublier la spécificité économique de ce qui s’échange. Mais sous l’utopie du gratuit se livrent de féroces combats économiques.

  • 15 février 2010

    Qui veut (vraiment) diriger France-Télévisions ?

    Qui veut (vraiment) diriger France-Télévisions ?

    Le 8 janvier 2008, on applaudissait Nicolas Sarkozy. Créer une BBC à la française, la gauche en avait rêvé, la droite l’avait fait. Bravo l’artiste. Deux ans plus tard et en quatre épisodes, le flamboyant scénario s’est transformé en feuilleton de vaudeville. La télévision publique aurait mérité des auteurs plus inspirés.

  • 17 janvier 2010

    Comment négocier avec Google ?

    Comment négocier avec Google ?

    Que faire avec Google ? Après des années de guerre frontale, la France prend le chemin de la négociation. La charge avait été lancée en 2005 par Jean-Noël Jeanneney, à l’époque président de la BNF, lorsque la firme de Mountain View avait commencé à numériser des livres français sans demander d’autorisation. Tout accord avec Google était alors perçu comme un pacte de dupes. Grâce à Gallica, la bibliothèque numérique développée par  la BNF et des associés européens, on pensait mener l’offensive contre le géant de l’Internet. Aujourd’hui, le gouvernement tend la main et propose un partenariat à Google. Recul ou réalisme ?

  • 18 décembre 2009

    Les artistes victimes d’Internet

    Les artistes victimes d’Internet

    « Je me moque complètement d’Internet, ce sont les artistes qui m’intéressent ! » s’exclame Philippe Ogouz, président de l’ADAMI (société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes), lors des Rencontres européennes des artistes à Cabourg les 10 et 11 décembre 2009. « Pourrons-nous encore vivre de nos métiers dans 20 ans alors que la précarité des artistes ne cesse d’augmenter ? Les artistes sont les grands perdants du numérique. » Est-ce bien vrai ?

  • 18 novembre 2009

    Google rend-il stupide ? (2)

    Google rend-il stupide ? (2)

    Dans mon précédent article, je m’interrogeais : faut-il prendre au sérieux le cri de guerre lancé par Nicholas Carr dans The Atlantic (juillet/août 2008) : « Google rend-il stupide ? » En effet, si les intellectuels et les diplômés sont les premiers utilisateurs du Web, l’univers du papier leur demeure très familier. Mais qu’en est-il des autres catégories sociales ?

  • 30 octobre 2009

    Google rend-il stupide ? (1)

    Google rend-il stupide ? (1)

    Récemment un journaliste américain écrivait ceci : « Il me semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations comme le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Avant j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais je fends la surface comme un pilote de jet-ski. » Que faut-il en penser ?

  • 8 octobre 2009

    Polanski : la Suisse est-elle coupable ?

    Polanski : la Suisse est-elle coupable ?

    Les cinéastes français montent vite au créneau. Il fut un temps où ils défendaient très directement leur beefsteak, comme en témoignent les manifestations de rue autour des accords Blum-Byrnes, dans les années d’après-guerre. Avec le temps et la consolidation de leur aisance financière grâce aux obligations d’investissements des chaînes de télévision en faveur du cinéma ou aux miracles de l’avance sur recette, les ressorts des luttes de la cinématographie française ont changé. Sur la durée, une vraie corporation a ainsi émergé, ses membres, en raison de la puissance sans cesse accrue de leur clairon médiatique, trouvant des soutiens prestigieux et parfois même extérieurs à la profession quand l’occasion se présentait. Ainsi en va-t-il de l’affaire Polanski.

  • 9 juillet 2009

    Hadopi et utopies

    Hadopi et utopies

    Du groupe de rap IAM au chanteur Bénabar, ils n’en reviennent pas. Que l’on puisse télécharger illégalement leurs chansons, que l’on trouve normal de ne pas rémunérer leur travail, ces artistes engagés en ont le souffle coupé. « J’ai conscience qu’il y a des zones d’ombre dans cette loi. Mais il faut bien quelque chose pour réguler Internet. C’est affligeant de passer pour un mec de droite que de dire cela ! Réguler, c’est de gauche ! », s’exclame Bénabar à propos de la loi Hadopi sur Rue89. Un coup de massue supplémentaire leur tombe sur la tête : les sénateurs socialistes qui, contrairement à leurs collègues de l’Assemblée Nationale, avaient voté la première version de la loi, n’ont pas soutenu Hadopi 2, jugée « inutilement répressive ». Le débat véhément qui entoure ce projet conduit le béotien de surprise en surprise et le désarroi des artistes s’accroît face à des passions qui paraissent démesurées. Ni le dispositif juridique (commun avec d’autres pays), ni la dimension économique (un problème de réactivité commerciale) ne suffisent à expliquer le déchaînement des affects autour de Hadopi. C’est du côté des utopies politiques qu’il faut porter le regard pour comprendre la radicalité des réactions.

  • 25 mai 2009

    L’état du cinéma

    L’état du cinéma

    Va-t-on encore au cinéma, alors que nos écrans domestiques peuvent accueillir tous les films de la planète ? En fait, la sortie cinéma n’est pas en voie de disparition, mais de réorganisation. Globalement, elle connaît un certain tassement. Rituel de la jeunesse dans les années 1990, elle mobilise aujourd’hui les diverses générations. Que révèlent les données mondiales sur le « cinema paradiso » (Observatoire européen de l’audiovisuel, 2009) ?

  • 7 mai 2009

    Faut-il allonger la durée des droits d’auteur ?

    Faut-il allonger la durée des droits d’auteur ?

    La Commission européenne doit examiner un texte visant à prolonger de 50 ans actuellement à 95 ans le droit d'auteur des musiciens et des maisons de disques — qu’on désigne par l’expression « droits voisins » des artistes interprètes et des producteurs de phonogrammes —, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis. L’objectif affiché par le commissaire en charge du dossier, Charlie McCreevy, est d'aider les musiciens vieillissants et de promouvoir de nouveaux artistes.

  • 28 avril 2009

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    L’histoire l’enseigne : nouveaux médias et utopies sociales ont partie liée. Il y a trente ans la France se passionnait pour les radios libres. Les plaidoyers étaient vibrants : les émetteurs répondaient aux attentes de la jeunesse et à son idéal de liberté, son goût pour l’échange, son appétence pour de nouvelles expressions culturelles etc. C’est en tout cas ce que l’on croyait… avant que ces radios soient happées par les lois du marché. Le même destin n’attend-il pas le Net ?

  • 10 avril 2009

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Aux dernières nouvelles, Hadopi aurait coulé, mais ne serait pas encore noyée. Cette loi qui vise à imposer une " riposte graduée " au téléchargement illégal de musiques et de films sur Internet navigue depuis des mois comme un radeau de la méduse. Face à ce projet la riposte des internautes n'est en rien graduée. Elle est cinglante. Aucune surprise : à chaque tentative d'introduire de la régulation dans la Toile (protection des enfants, régulation de la publicité et maintenant téléchargement illégal), l'armée des fournisseurs d'accès, des hébergeurs et des internautes avance en front uni. Les arguments se répètent : toute intrusion du Web est attentatoire aux libertés (" une loi qui fait fliquer tout ce que vous faites sur Internet ", dit un contempteur de Hadopi), vouée à l'échec car aisément déjouée par la technique, ruineuse pour l'État qui devra la faire respecter. Mais le plaidoyer qui enrubanne fastueusement tous les autres, c'est le tort porté à la jeunesse. Les jeunes, enthousiastes d'un Internet aux contenus libres et gratuits, forment une bastille que nul politique ne saurait raisonnablement affronter.