France, un déclin irréversible face à l’Allemagne? edit

19 décembre 2016

La France a décroché face à l’Allemagne depuis le début des années 2000. Notre pays est entraîné dans une interminable spirale de déclin et se montre incapable de réagir et de mettre en œuvre des politiques fortes de rattrapage. Son économie ne crée pas suffisamment de richesse, la part de la population au chômage atteint des seuils inacceptables et sa compétitivité s’effondre. Ce décrochage est spectaculaire et il peut se mesurer à l’aune de plusieurs indicateurs.

L’écart entre la création de richesse par habitant en Allemagne et en France ne cesse de se creuser. Mesurée par le PIB par tête, la différence entre les deux pays est en 2016 spectaculaire. Par rapport à une moyenne européenne à 100, la France est moins riche que la moyenne européenne, 97,4 et l’Allemagne bien au-dessus 113,3, soit une différence de 15,9 points. En 2000, l’écart France/Allemagne n’était que de 2,1 points. Cette divergence croissante entre la création de richesse par habitant s’explique par le chômage français. En l’an 2000, les taux d’emploi (pourcentage de la population au travail par rapport à la population en âge de travailler) étaient à peu près comparables en Allemagne et en France. En 2015, le taux d’emploi allemand a augmenté à 74%, alors que le taux d’emploi français a baissé à 63,6%.                                                                                              

A l’extérieur, notre pays n’arrive plus à lutter sur les marchés internationaux et sa capacité d’exportation face à l’Allemagne s’effondre : En 2016, les exportations françaises représentent 31% % du PIB français contre 47,7 % du PIB allemand, une différence de 16,7 points alors qu’en l’an 2000, la différence était seulement de 2,6 points. Au-delà de ces chiffres, le constat sur la dégringolade de la compétitivité de la France est sans appel. En 2016, la France est classée au 22e rang mondial par le World Economic Forum, l’Allemagne est 4e et cinq pays européens sont classés dans les 10 premiers. On dira, là aussi, que les anglo-saxons sont toujours durs avec la France mais, apparemment, ils ne l’étaient pas en 2000, quand seuls 3 pays nous séparaient de l’Allemagne contre 18 aujourd’hui.

La France consomme plus de  richesses qu’elle n’en produit. Toute augmentation de la demande intérieure chez nous entraîne une augmentation des importations. Dernière preuve de cette descente aux enfers, la balance des transactions courantes avec le reste du monde qui est constamment négative en France depuis 2004  alors qu’elle est constamment positive en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, au Danemark ou en Suède. La conséquence ? La dette de la France s’alourdit. Le poids de la dette sur le PIB augmente tous les ans quand ce poids diminue en Allemagne et pas seulement en Allemagne. Alors que faire ?

Nous devons prendre exemple sur les pays européens qui ont réussi à maintenir une économie compétitive. Notre industrie produit des biens dont le prix est trop élevé et nos services sont trop chers. Nos coûts sont ceux des pays du nord de l’Europe et la qualité et le contenu technologique de nos produits sont au niveau des pays du Sud de l’Europe. Augmenter la qualité des biens industriels est une œuvre de longue haleine et à court terme la baisse du coût de production est donc nécessaire. La France doit accepter des changements structurels profonds comme tant de pays l’ont fait avant nous. Plusieurs réformes sont prioritaires.

Baisser des coûts de production implique une forte baisse des charges qui pèsent sur le travail et les entreprises. Comment faire ? Augmenter la fiscalité sur la consommation et baisser la fiscalité sur le travail. En Suède et au Danemark, pays de tradition social-démocrate, la TVA est à 25% et les taxes écologiques sont élevées mais la taxation des bénéfices des entreprises et l’impôt sur le capital sont beaucoup plus faibles qu’en France.

Libéraliser le marché du travail, des biens et des services constitue  aussi une étape nécessaire car les prix des services sont trop élevés en France par rapport aux autres pays européens et ils augmentent les coûts pour l’ensemble de l’économie. En Suède, le marché des taxis a été libéralisé en 1990, les agences pour l’emploi en 1992, les pharmacies en 2009.

Augmenter la qualité des biens produits en France, implique une politique visant à mieux préparer les français à la révolution technologique actuelle. Une réforme de l’apprentissage et de la formation continue est nécessaire: 25% des adultes entre 25 et 64 ans participent à des actions de formation continue en Suède contre seulement 5% en France et les adultes participant à une formation continue reçoivent  14 heures de formation pour 1000 heures de travail  en Suède contre seulement 7 heures en France. Concernant l’apprentissage, il y a en Allemagne, 1,5 millions d’apprentis, plus de 3,5 fois plus en France.

Moderniser la production française pour augmenter la qualité des biens implique aussi la modernisation des usines. La robotisation des usines françaises est très faible: On compte 1,20 robot acheté pour 1000 salariés en France contre 2,80/1000 en Allemagne,  1,60/1000 en Italie et même l’Espagne en compte plus que la France,  1,32/1000. Le redressement de l’industrie française et de sa capacité à exporter implique donc un effort considérable d’investissement.

Pour conclure, certains économistes sont sceptiques sur la capacité de la France à relever ces défis mais si la France n’accepte de profondes réformes, que pouvons-nous attendre du futur pour notre pays ? Un déclin qui se perpétue, une faillite si les taux augmentent.